HTA : une vaste étude confirme la place primordiale de la bithérapie

Publié le 06/04/2003
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Publiés en décembre 2002, les résultats du plus vaste essai jamais réalisé dans l'hypertension artérielle, l'étude ALLHAT, donnent lieu à un débat sur la prise en charge de cette pathologie, qui intéresse au premier chef les médecins généralistes. Pour le Dr Bonet (UNAFORMEC), il est fondamental que ces derniers soient formés à l'analyse critique des essais. Aussi, avec le soutien des Laboratoires Pfizer, son association a proposé un après-midi d'échanges avec des spécialistes sur les implications d'ALLHAT dans leur pratique.

La première leçon que retient le Pr Spaulding (Paris) est que, pour la grande majorité des patients, les objectifs tensionnels (140/90 mmHg) ne peuvent être atteints qu'avec une bithérapie, voire une trithérapie. Diurétiques, IEC et antagonistes calciques sont comparables en monothérapie. Cependant, les résultats d'ALLHAT lui font accorder sa préférence à l'amlodipine en première intention.

Prévention des événements coronariens

En effet, l'amlodipine est équivalente au diurétique sur la prévention des événements coronariens fatals et des infarctus du myocarde non fatals, sur celle de la maladie artérielle périphérique, de l'insuffisance rénale terminale et des accidents vasculaires cérébraux. Pour ces derniers, il existe même une tendance favorable pour l'amlodipine, mais non significative.
Pour le Pr Spaulding, les résultats montrant que la molécule réduirait moins bien le risque d'insuffisance cardiaque sont discutables, puisque ce risque était évalué sur des critères uniquement cliniques, c'est-à-dire comprenant une part de subjectitivité dans cette pathologie. Il préconise une association avec un IEC chez les diabétiques et avec un bêtabloquant en cas de coronaropathie avérée, notamment après angioplastie.
Reste le problème des recommandations américaines, qui sont en faveur des diurétiques thiazidiques en première intention. Le Pr Girerd (Paris) fait remarquer qu'elles sont essentiellement fondées sur des considérations économiques, qui ne sont pas pertinentes en France, et certainement pas sur des arguments strictement scientifiques. Aussi rejoint-il volontiers la position du Pr Spaulding, en soulignant que, de toute façon, il sera difficile d'éviter la bithérapie pour la plupart des patients.

« Nouvelles données dans la prise en charge de l'HTA ». Partenariat UNAFORMEC, parrainé par les Laboratoires Pfizer : application dans un programme de formation continue. MEDEC 2003.

Dr Serge CANNASSE

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7310