Pour Hypo, sa naissance équivaut à une extraction de la caverne maternelle où il était si bien. Il ne s’en remettra jamais vraiment, cherchant par tous les moyens d’en trouver une autre de substitution. Ce sera dans la phobie de tout microbe et de la moindre maladie. À tel point qu’en grandissant, devant l’incompréhension de ses parents, il n’aura d’autre choix que de se détacher d’eux et de se rapprocher de celle qu’il nomme Tatie Purée, qui détient chez elle le Saint Graal : un Vidal.
Hypo l’hypocondriaque raconte ainsi son quotidien entre précocité intellectuelle (et physique, ses parents ayant oublié de le déclarer avant l’âge d’un an), lecture de revues médicales et gériatriques, premiers émois amoureux et séances chez la pédopsychiatre aux formes affriolantes. Dit comme cela, on pourrait penser que ce seul en scène, qui prend également le nom de Hypo, est dénué d’humour et destiné à tous les malades imaginaires qui sommeillent en nous et se ruent sur Doctissimo au moindre bobo.
Éprouver à tout prix
Il n’en est rien. Car Hypo, ou plutôt le jeune Lucas Andrieu, 21 ans au compteur et comédien émérite, prend son existence certes très au sérieux, mais aussi au second degré. Il parvient à faire que toute situation un peu difficile (comme la naissance d’un petit frère téméraire à ses dix ans) une expérience à analyser. Notamment avec l’aide de balles et de jouets, vestiges de son enfance cachés dans deux malles à souvenirs qui servent de décor. Librement inspiré du roman éponyme de Christian Astolfi, Hypo est un seul en scène aussi drôle, caustique qu’attendrissant. Nous avons tous connu ces petits moments où notre nombril l’emporte sur le reste, quitte à passer à côté de moments heureux de sa vie. Tout le spectacle mène ainsi le jeune homme à prendre confiance en lui et à regarder enfin autour de lui, à comprendre qu’il faut vivre pour éprouver, quitte à souffrir.
Succès surprise du sud de la France, le spectacle ouvre désormais son cabinet, ou plutôt dépose ses malles à Paris. On espère avec le même succès, loin d’être aussi imaginaire que ce bon vieil Argan !
Hypo, au théâtre de la Contrescarpe (5 rue Blainville, 75005 Paris – 01 42 01 81 88). Les dimanches à 20h30. Jusqu’au 27 mai 2018.
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