Une prise prolongée d’IPP fait-elle courir des risques aux patients ? La question est d’autant plus légitime que ces médicaments représentaient, en 2013, le 4e poste de ventes en volume en France et que deux IPP sont aujourd’hui en vente libre. La plupart des effets indésirables sont liés à l’augmentation du pH gastrique, qui accroît clairement le risque d’infections digestives (OR : 1,4 à 8,3), notamment à C. difficile, et, de manière moins nette, respiratoires (OR : 1,2 à 1,6). Elle diminue l’absorption de fer, vitamine B, calcium, et des études ont montré un risque modérément accru de fractures chez les personnes âgées (OR : 1,2 à 3,1). L’hyponatrémie modérée est fréquente, l’hypomagnésémie rare, mais parfois sévère, justifiant un avertissement de la FDA en 2011. Les néphrites interstitielles sont également rares, tandis que le risque de tumeurs endocrines, démontré dans des modèles animaux, n’a jamais été décrit chez l’homme.
Surrisque d’infarctus Les IPP favorisent aussi le développement des gastrites à H. pylori, mais les données sont fragiles concernant le risque de cancer digestif. En revanche, une grande base de données indique un surrisque d’infarctus en cas de traitement par IPP, et l’analyse séparée d’une cohorte prospective de 1 500 patients conclut à un hazard ratio de décès cardio-vasculaire de 2 (Shah N. H. et coll. PlosOne 2015). Un effet direct des IPP sur la fonction endothéliale a été évoqué. Par ailleurs, oméprazole et clopidogrel entrent en compétition au niveau de l’absorption et du métabolisme, ce qui incite à prescrire un autre médicament que l’oméprazole, quand un IPP est nécessaire, pour éviter une baisse d’efficacité du clopidogrel.
« L’innocuité de la prise prolongée d’IPP n’est pas certaine », a conclu le Pr François Mion (Hospices civils de Lyon), en encourageant à prescrire à bon escient, le moins longtemps et à la dose la plus faible possible, en privilégiant, pour le traitement du reflux, la prise à la demande.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature