Journée mondiale Parkinson : vers l'identification de marqueurs prédictifs de l'évolution de la maladie

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Publié le 10/04/2019

Selon une enquête réalisée par l'association France Parkinson auprès de 111 patients atteints de maladie de Parkinson et de 195 proches, plus de 90 % des personnes interrogées n'ont jamais entendu parler du concept de médecine personnalisée. Les résultats de ce sondage ont été dévoilés en marge de la journée mondiale Parkinson qui a lieu ce jeudi 11 avril.

La médecine personnalisée s'intègre dans la médecine dite des 4P : préventive, prédictive, personnalisée et participative. « Sur le plan médico-scientifique, la médecine personnalisée consiste à passer de l'approche qui repose sur des moyennes d'observation à une approche fondée sur l'individu en tant qu'entité unique », explique le Pr Philippe Damier, neurologue au CHU de Nantes et président du comité scientifique France Parkinson, ajoutant que « la maladie de Parkinson est plurielle, elle ne s'exprime pas de la même façon d'un patient à l'autre ».

Ajuster la prise en charge

La médecine personnalisée consiste à identifier des facteurs biologiques prédictifs de l'évolution de la maladie. « Elle a deux champs d'application pour un patient donné : déterminer la façon dont sa maladie va évoluer et savoir comment ajuster au mieux son traitement », précise le neurologue.

Sur le plan clinique notamment, certains symptômes sont associés à une évolution plus favorable que d'autres. « Nous savons aujourd'hui qu'un patient qui débute sa maladie avec une forme marquée surtout par du tremblement aura, en moyenne, une maladie plus lentement évolutive que des formes marquées initialement par de la lenteur et de la raideur », illustre le Pr Damier.

Le fait de prédire l'évolution de la maladie permet d'orienter les choix thérapeutiques. « Aujourd'hui, nous proposons la stimulation cérébrale de plus en plus précocement de manière à élargir la phase de “lune de miel” – période durant laquelle la maladie est bien contrôlée par les traitements –, le risque opératoire étant justifié lorsque la maladie est susceptible de s'aggraver dans les 3 à 4 ans », illustre le neurologue.

L'identification de biomarqueurs est l'enjeu de la médecine personnalisée de ces prochaines années. Elle permettra d'individualiser encore davantage la prise en charge des patients, notamment en prédisant la réponse au traitement pour un patient donné et la survenue d'effets indésirables.

Un vaste champ d'exploration

En effet, actuellement pour obtenir une autorisation de mise sur le marché, l'efficacité d'un traitement est fondée sur la réponse moyenne d'un groupe représentatif de patients. Ainsi, même lorsqu'un traitement est supérieur à un placebo, certains patients peuvent être très bons répondeurs, tandis que pour d'autres, le traitement n'aura aucun effet. « La valeur moyenne n'a pas beaucoup de sens pour un individu donné », insiste le Pr Damier. Prédire la réponse individuelle permettra ainsi de mieux sélectionner les patients bons répondeurs.

« Le champ d'exploration est important et très actif », souligne le Pr Damier. Un grand projet de recherche PRECISE-PD, soutenu par France Parkinson à hauteur de 3 millions d'euros sur 2019-2024, porte sur la détermination de facteurs prédictifs d'évolution de la maladie. Ce projet, coordonné par le Pr Jean-Christophe Corvol de la Pitié-Salpêtrière (AP-HP) à Paris, sera mené en collaboration avec les centres experts Parkinson et des équipes du Canada et d'Angleterre.


Source : lequotidiendumedecin.fr