CONGRES HEBDO
La capsule vidéoendoscopique est un dispositif destiné à explorer l'intestin grêle grâce à une caméra embarquée dans le tube digestif qui délivre deux images numériques par seconde. Une fois la capsule ingérée (il s'agit d'une « grosse gélule » de 2,6 mm), l'enregistrement est obtenu au moyen de capteurs situés sur l'abdomen. Indiquée dans l'exploration des saignements digestifs d'origine inexpliquée, des hémorragies extériorisées ou des saignements occultes, cette technique permet en théorie d'examiner la totalité de l'intestin grêle alors que l'entéroscopie n'en explore qu'un tiers. Malgré cet avantage certain, l'expérience grandissante de la capsule vidéoendoscopique a mis en évidence certaines difficultés. En premier lieu, cet objet inerte est soumis au transit. Ainsi, dans l'étude de l'équipe de A. de Leusse, la capsule n'a pas pu franchir le pylore dans 2 cas sur 30. Lorsqu'une stase gastrique est présente, objectivée par l'abdomen sans préparation deux heures après l'ingestion, une injection intraveineuse d'érythromycine est maintenant effectuée. Elle permet d'induire des contractions gastriques par un effet prokinétique.
Une qualité d'images à améliorer
Deuxième inconvénient, les images ne sont pas toujours d'excellente qualité, en particulier dans le segment distal, en raison de la présence fréquente de résidus alimentaires. Dans l'étude sus-citée, la qualité des images était cotée de 1 (présence importante d'aliments) à 4 (transparence ou absence de liquide) : un examen satisfaisant (score supérieur à 2) n'a été possible que chez 41 % des patients dans le grêle distal. A l'heure actuelle, une préparation préalable est donc souhaitée (2 litres de PEG), contrairement à ce qui était préconisé au tout début de l'utilisation de la capsule. Enfin, la lecture des images, différentes de celles obtenues avec l'endoscopie classique, nécessite un apprentissage, en sachant que les hémorragies et les angiodysplasies représentent les diagnostics les plus faciles à interpréter avec cette technique, contrairement aux lésions de relief, comme les ulcères et les tumeurs de petite taille. Ainsi, dans le travail présenté, si la rentabilité diagnostique de la capsule s'est révélée similaire à celle de l'entéroscopie poussée (même valeur diagnostique, 11 fois ; capsule meilleure que l'entéroscopie, 3 fois ; entéroscopie supérieure à la capsule, 3 fois), une tumeur ulcérée suspectée par la capsule n'a pas été retrouvée lors de l'entéroscopie peropératoire alors qu'une tumeur stromale a été méconnue.
Une valeur prédictive négative de 92 %
Quoi qu'il en soit, la capsule vidéoendoscopique est certainement un examen appelé à se développer dans les prochaines années, au moins en première intention dans les hémorragies digestives inexpliquées en raison de sa facilité d'exécution, de son caractère peu invasif et de sa rentabilité diagnostique. Dans le cadre d'une étude prospective multicentrique, A. Saurin et coll. avaient déjà montré, sur 59 patients, une rentabilité de la capsule supérieure ou égale à celle de l'entéroscopie dans 80 % des cas. Un an après, 34 de ces premiers cas ont pu être réévalués. Les images identifiées par la capsule ont conduit à un traitement chez 29 % des malades.
Surtout, la valeur prédictive négative de l'examen s'est révélée très élevée, atteignant 92 %. De plus, lorsque aucune lésion n'avait pu être décelée, il s'agissait en majorité de femmes en période d'activité génitale, suggérant une origine gynécologique au saignement. En dehors des hémorragies inexpliquées, d'autres pathologies de l'intestin grêle sont susceptibles de pouvoir bénéficier de l'apport diagnostique de la capsule : maladie de Crohn, lymphomes, polypose, maladie cliaque, pour laquelle un protocole européen a été mis en place. Au-delà de son aspect « fantastique », la capsule vidéoendoscopique apparaît aujourd'hui comme une technique très intéressante, mais qui mérite encore des évaluations quant à son impact pour la prise en charge des patients. L'endoscopie traditionnelle a donc encore de beaux jours devant elle, d'autant qu'elle seule autorise pour l'instant l'exploration du côlon et de l'estomac ainsi qu'un geste thérapeutique.
D'après un entretien avec le Pr Christophe Cellier, unité d'endoscopie digestive, hôpital européen Georges-Pompidou, Paris.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature