La contraception d’urgence orale ellaOne disponible désormais sans ordonnance

Publié le 17/04/2015

Cinq ans après sa mise sur le marché, la pilule ellaOne (ulipristal acétate) de HRA Pharma est aujourd’hui disponible en pharmacie sans prescription médicale.

Commercialisée pour la première fois en 2009, la pilule de contraception d’urgence ellaOne bénéficie désormais de la décision de la Commission Européenne d’autoriser son accès direct en pharmacie sans ordonnance, en France et dans les 27 autres pays de l’UE. Une mesure qu’Erin Gainer, Présidente de HRA Groupe, qualifie de « réelle avancée favorable à la santé reproductive des femmes ».

Quinze années après la commercialisation et l’autorisation de vente sans ordonnance en France de Norlevo, la deuxième option de contraception orale d’urgence est désormais disponible en pharmacie selon les mêmes modalités. Le laboratoire indique à cette occasion une baisse de prix du produit qui passe de 23,59 euros à 19,70 euros. Non remboursée en l’absence d’ordonnance, la prise en charge à 65 % d’ellaOne reste de mise en cas de prescription médicale. Pour les mineures, la gratuité est totale.

Une efficacité maintenue pendant les 48 heures précédant l’ovulation

La pilule ellaOne est le premier représentant d’une nouvelle classe thérapeutique : les modulateurs sélectifs des récepteurs de la progestérone (SPRM). A l’instar du lévonorgestrel (Norlevo de HRA Pharma ou Biogaran en générique), l’ulipristal acétate empêche le follicule d’arriver jusqu’à l’ovulation pendant une durée de 5 jours, durée de vie des spermatozoïdes. EllaOne permet aussi d’inhiber la rupture folliculaire et empêcher l’ovulation même en cas de prise correspondant au début de la montée du pic de LH.

« EllaOne agit sur le follicule jusqu’à ce qu’il mesure 18 mm, donc au plus proche de l’ovulation qui est la période de fécondabilité maximum », précise le Dr Christian Jamin, gynécologue et endocrinologue à Paris. En clair, « lorsque la contraception d’urgence est prise de façon optimale dans les 24 heures suivant le rapport, la prise de Norlevo divise le risque de grossesse par 2 et ellaOne le divise par 6 ». L’efficacité dans les 24 heures qui suivent le rapport sexuel non protége d’ellaOne avait conduit l’Agence européenne du médicament à recommander sa délivrance sans ordonnance.

Les études de phase III ont par ailleurs montré un profil de tolérance d’ellaOne comparable à celui de Norlevo avec une disparition spontanée de la grande majorité des effets secondaires d’intensité légère à modérée (maux de tête, nausées, douleurs abdominales, dysménorrhées).

Méconnaissance et manque d’information toujours autant d’actualité

En 2010, un tiers des grossesses en France n’étaient pas désirées. Un chiffre en baisse par rapport à 1978 où cette proportion s’élevait à 48 %, mais qui correspond toujours à un défaut d’identification des situations à risque de grossesse par les Françaises. Un sondage, mené en mars 2015 par Harris Interactive pour HRA Pharma auprès de 1 000 femmes, révèle ainsi que 64 % d’entre elles attendent une meilleure information sur le sujet.

Pour le Dr Sabine Guffroy, gynécologue libérale et praticienne en centre de planification à Lille, « les femmes pensent très bien connaître le fonctionnement de leur corps, mais la pratique démontre qu’elles se trompent souvent, même pour des choses aussi essentielles que leur cycle menstruel ». De fait, de nombreuses idées reçues telles que la croyance que l’ovulation a lieu le 14e jour du cycle ou encore qu’il n’y a pas de risque de grossesse en cas de retrait avant l’éjaculation persistent.

De son côté, le Dr Jamin insiste sur le fait qu’« il est impensable d’imaginer que l’on puisse avoir un parcours contraceptif sans accident (oubli, retard de prise, etc.) au cours de sa vie ». Il faut donc « déculpabiliser l’erreur contraceptive et accompagner la femme qui présente un risque de grossesse pour lui éviter au maximum le recours à l’IVG ». Pour les deux praticiens, loin d’être un signe d’irresponsabilité, « prendre une contraception d’urgence orale pour éviter une grossesse non désirée est au contraire un réflexe responsable ».

Benoît Thelliez

Source : lequotidiendumedecin.fr