Survenue de la maladie d’Alzheimer

La dépression doublerait le risque

Publié le 08/07/2010
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UNE ÉTUDE américaine montre que l’existence d’une dépression peut multiplier quasiment pas deux le risque de déclarer plus tard dans la vie une démence.

Jane Saczynski et coll. ont examiné les données de 949 personnes de 79 ans d’âge moyen, faisant partie de la Framingham Heart Study, non déments à l’inclusion. Des symptômes dépressifs ont été recherchés, ce qui a fait identifier un sous-groupe de 125 personnes dépressives (13 %). Les participants ont été suivis pendant 17 ans. À ce terme, 164 personnes ont développé une démence, dont 136 une maladie d’Alzheimer.

Ainsi, près de 22 % des personnes déprimées au début de l’étude sont dévenues démentes, contre 17 % de celles qui n’étaient pas dépressives. Ce qui équivaut à une augmentation de 70 % du risque pour le groupe des dépressifs. Le risque absolu de démence est de 0,21 en dehors des symptômes dépressifs et de 0,34 en présence de ces symptômes.

Les résultats sont identiques quels que soient l’âge, le sexe, l’éducation et le statut vis-à-vis du gène APOE (qui accroît le risque d’Alzheimer).

« On n’est pas autorisé à dire que la dépression est cause de démence, il s’agit juste d’une association », ont commenté les auteurs. « Toutefois, plusieurs hypothèses pourraient rendre compte d’un impact de la dépression sur le risque de démence. Il existe une inflammation du tissu cérébral chez les déprimés, qui pourrait contribuer à la démence. Certaines protéines augmentées lors de la dépression pourraient aussi accroître le risque de démence. Et, enfin, des éléments du mode de vie associés aux dépressions de longue durée, tels que la composition alimentaire et le rapport à l’exercice physique, pourraient affecter aussi le risque.

La Framingham Heart Study, qui inclut une vaste population, est l’une des plus longues études épidémiologiques d’observation. Peut-être pourra-t-elle éclairer un peu mieux les liens entre dépression et démence, qui jusqu’ici ne sont pas clairement déterminés.

Neurology, 6 juillet 2010.

Dr BÉATRICE VUAILLE

Source : Le Quotidien du Médecin: 8803