Recherche thermale

La France a comblé son retard

Publié le 20/01/2011
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Crédit photo : X. BOYMOND

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Crédit photo : DR

SI LA RELATIVE constance du nombre de curistes fréquentant les stations thermales tend à suggérer une certaine efficacité thérapeutique des orientations thermales conventionnées, celles-ci doivent aujourd’hui s’appuyer sur une véritable évaluation scientifique. Pour les acteurs du thermalisme, l’enjeu est d’assurer la pérennité du secteur en justifiant cliniquement la prise en charge des soins thermaux par la Sécurité sociale.

Depuis la Convention nationale thermale de 2002, les acteurs du thermalisme se sont engagés auprès de l’Assurance-maladie à mettre en place une évaluation du service médical rendu (SMR) par la médecine thermale. De cette volonté est née en 2004 l’Association française pour la recherche thermale (AFRETH)*, association loi 1901, fondée par le Conseil national des exploitants thermaux (CNETH), la Fédération thermale et climatique de France (FTCF) et l’Association nationale des maires de communes thermales (ANMCT). Chargée de « promouvoir la recherche scientifique appliquée des établissements thermaux, et notamment la recherche clinique », l’AFRETH est structurée de manière à assurer l’indépendance scientifique de la recherche thermale dans l’Hexagone. Elle se compose d’un conseil d’administration, où siègent les membres fondateurs, et d’un conseil scientifique constitué de 11 personnalités reconnues (dont un représentant de l’Assurance-maladie), présidé par le Pr Christian-François Roques (université de Toulouse-3). Dans cette organisation, c’est le conseil scientifique de l’AFRETH qui gère l’appel d’offres et valide les projets dont le financement est décidé par le conseil d’administration.

La recherche thermale bénéficie via l’AFRETH d’un budget annuel d’environ 1,3 million d’euros, financé par les stations thermales et les municipalités des villes thermales. « À ce jour, un peu plus de 7 millions d’euros ont été investis dans la recherche thermale », souligne le Pr Roques. Depuis 2005, détaille-t-il, 6 appels à projets ont été émis par l’AFRETH ; 91 avant-projets ont été reçus à l’association ; 67 ont été reconnus éligibles ; 38 ont été validés sur le plan scientifique ; 30 ont été soutenus sur le plan financier par le conseil d’administration. Sur cette trentaine de projets, 27 portent sur le service médical rendu des soins thermaux, « au sens large du terme », précise le président du conseil scientifique de l’AFRETH.

Une évaluation complexe.

Évaluer le service médical rendu en thermalisme est un processus complexe où se mêlent plusieurs facteurs : soins hydrominéraux, éducation thérapeutique, effets de dépaysement de la cure, activité physique, démarche diététique du curiste… Pour bien évaluer le SMR d’une orientation thérapeutique thermale, il est, selon le Pr Roques, primordial de bien « dissocier la partie hydrominérale, la partie éducative et la partie séjour ».

L’évaluation du SMR concerne en premier lieu la cure thermale classique de type conventionnel. À savoir une cure remboursée par la Sécurité sociale prescrite par le médecin traitant, des soins thermaux prescrits par le médecin thermal, des soins se déroulant sur 18 jours consécutifs et un nombre de soins fixés par décret selon l’orientation thérapeutique. D’autres études cliniques portent également sur de nouveaux champs de compétence de la médecine thermale (prévention avec éducation thérapeutique, soins de suite, accompagnement du vieillissement, santé publique...) ou de nouveaux formats de cure. « D’une manière générale, nous accompagnons systématiquement l’élaboration de nouveaux produits de soins thermaux d’une démarche d’évaluation scientifique », déclare le Pr Roques. « Nous essayons par exemple de sortir du cadre rigide entourant les soins thermaux conventionnels. Cette durée de trois semaines élimine en effet beaucoup de curistes potentiels en situation d’activité et qui ne peuvent se permettre une telle coupure professionnelle. Parallèlement aux soins conventionnés, nous cherchons donc à nous orienter vers quelque chose de plus court et intensif, s’adressant à des sujets plus jeunes qui ont la capacité physique de supporter une prise en charge plus dense. ». Aujourd’hui, seulement 30 % des curistes ont moins de 60 ans.

D’ici à 2012 et l’échéance de l’actuelle convention nationale thermale, « entre 85 et 90 % des orientations thermales conventionnées aura été évalué », assure le Pr Roques. Au niveau international, le président du conseil scientifique de l’AFRETH estime que la France a aujourd’hui plus que comblé son retard par rapport aux pays européens les plus avancés dans le domaine de la recherche thermale (Italie, Hongrie, Turquie). « Sur les 46 études cliniques (essais contrôlés randomisés) publiées durant les 14 années précédant la création de l’AFRETH, 2 764 patients avaient été enrôlés, soit une moyenne de 60 patients par étude. En France, en 5 ans, nous avons réalisé 9 études enrôlant un total de 2 066 patients, soit une moyenne de 229 patients par étude », rappelle le Pr Roques. Un gage de plus pour la crédibilité de la recherche thermale tricolore.

* www.afreth.org.

DAVID BILHAUT
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Source : Le Quotidien du Médecin: 8889