Violence « inacceptable » dans les banlieues

La guerre de la drogue

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Publié le 13/10/2016
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La guerre de la drogue

La guerre de la drogue
Crédit photo : AFP

Le président de la République a déclaré que cet acte était « inacceptable » et « inqualifiable ». Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a utilisé le terme de « sauvageons » pour désigner les agresseurs, erreur sémantique qui lui a valu un appel à la démission lancé par la droite. L'essentiel, désormais, est moins de multiplier les qualificatifs que d'arrêter ces assassins et de les juger. L'émotion dans les personnels de police est d'autant plus immense que cette tentative de meurtre a des précédents. Les dealers de drogue défendent leur pré-carré, c'est-à-dire un marché qui leur rapporte énormément d'argent et croient le protéger en dissuadant la police de les surveiller et de contre-carrer leur commerce. Bien entendu, l'Etat ne peut pas accepter de se soumettre à des brigands qui empoisonnent la jeunesse française et s'en prennent aux forces de l'ordre quand ils sont mécontents.

Candidat à la primaire, Benoît Hamon a enfourché le dada de la dépénalisation du cannabis. Ce débat n'est pas nouveau. La dépénalisation ou la légalisation auraient l'avantage de priver les trafiquants de leurs ressources, mais elles présentent un double inconvénient : elles encouragent une consommation dont tout le monde sait maintenant qu'elle a des effets nuisibles sur la santé physique et mentale des toxicomanes ; elles n'empêcheraient pas les dealers d'ouvrir le marché des drogues dures, avec des conséquences faciles à imaginer. Il est donc bien peu probable que le gouvernement se rallie à cette solution. Il n'a pas d'autre choix que de protéger les policiers qui nous protègent, en leur donnant des armes de dissuasion, des tenues adaptées et des gilets pare-balles. Mais à une telle débauche de violence, les moyens de prévention seront-ils suffisants ?

Les policiers doivent avoir l'avantage

Chaque fois que l'émotion populaire prend le dessus, nos dirigeants doivent faire preuve de sang-froid, sans pour autant oublier que leur devoir est de mettre hors d'état de nuire ceux qui se livrent à de telles attaques. On comprend que la recherche et l'arrestation des coupables demandent du temps. On ne comprendrait pas que de tels actes restent impunis. A terme, si les policiers ne disposent pas d'un avantage tactique sur les dealers, ils ne pourront plus accomplir leur travail dans la sérénité. Il s'est produit, à Viry, un événement très grave, qui décrit toute l'arrogance des malfaiteurs et peut-être leur certitude de ne pas être pris. Il faut tout simplement leur prouver le contraire.

On n'y parviendra pas si on se laisse entraîner dans la sempiternelle discussion sur les quartiers défavorisés, sur des conditions de vie que leurs habitants ne méritent pas et sur les solutions sociales censées, à long terme, rétablir la paix dans les banlieues. Il y a d'une part un problème socio-économique que nous n'avons jamais résolu depuis qu'il est posé. Et il y a d'autre part l'urgence de rendre à la police la confiance indispensable à l'accomplissement de ses missions. Les policiers, qui ont appelé à la grève, ne peuvent pas attendre que le débat sur la dépénalisation soit tranché, pas plus qu'ils ne peuvent attendre que les jeunes des quartiers dits sensibles passent du trafic de drogue à des emplois respectables. On répète à l'envi qu'il faut prendre le mal à la racine, mais la responsabilité du gouvernement est immédiate. En attendant cette société apaisée qui aurait résorbé le chômage, accordé à tous les citoyens un niveau de vie suffisant, imprégné les esprits d'une morale invulnérable, il est vital d'aider les forces de l'ordre qui ne sont plus gardiennes de la paix, mais engagées dans une guerre.

Richard Liscia

Source : Le Quotidien du médecin: 9525