Congrès-Hebdo
L'épidémiologie de l'infection par le VHB est mal connue en France, explique le Dr Cadranel. C'est pour mieux connaître les caractéristiques de ces patients qu'a été créé l'Observatoire national qui regroupe 58 centres hospitaliers non universitaires. Du 1er avril 2001 au 30 mai 2002, les caractéristiques démographiques, biologiques, virologiques, histologiques, ainsi que les modalités thérapeutiques des 1 166 patients suivis dans ces hôpitaux ont été recueillies : âge, sexe, lieu de naissance, activité des transaminases, statut HBe, existence d'une réplication virale, résultats de la biopsie hépatique, modalités thérapeutiques.
L'âge moyen des participants (671 hommes et 495 femmes) était de 40,7 ± 15 ans. L'un des résultats les plus inattendus concerne le lieu de naissance des patients : 33 % sont nés en France, 24 % en Afrique subsaharienne, 12 % en Europe du sud, 11 % en Asie du Sud-est et 10 % dans le Maghreb. Le mode de découverte est rarement une hépatite aiguë (5 %). L'antigène HBs a été mis en évidence dans un quart des cas chez des patients dont les transaminases étaient élevées. Dans 23 % des cas, la découverte a été faite à l'occasion d'une enquête familiale autour d'un cas ou d'un bilan prescrit en raison d'un facteur de risque. Dix-huit pour cent des diagnostics ont été portés au cours d'une grossesse. Les autres modes de découverte étaient un bilan systématique (12 %), un bilan prétransfusionnel (5 %), un bilan de cirrhose ou de cancer du foie (5 %). Vingt-neuf pour cent des patients étaient des porteurs asymptomatiques (transaminases normales, échographie abdominale normale, absence de réplication virale). La moitié des malades présentaient une hépatite chronique avec augmentation des transaminases, réplication virale et signes histologiques, 19 % souffraient d'une cirrhose compensée ou décompensée. Une coïnfection par le virus de l'hépatite C ou par le virus delta a été mise en évidence dans, respectivement, 4,5 % et 4,4 % des cas. La majorité (57 %) des sujets qui présentaient une réplication virale avaient des anticorps anti-HBe, 43 % étaient AgHBe positif. Cinq cent cinquante-neuf patients, soit 51 %, ont eu une biopsie hépatique. Les scores METAVIR moyen d'activité et de fibrose étaient de, respectivement, 1,6 ± O,8 et 2,2 ± 1,3. Trois cent quatre-vingt-deux patients ont été traités : 40 % par interféron, 39 % par lamivudine, 19 % par un traitement séquentiel interféron-lamivudine et 2 % par d'autres médicaments.
« Cette étude observationnelle, qui a l'avantage de regrouper un grand nombre de patients suivis sur l'ensemble du territoire, éclaire notre vision de l'infection par le VHB, souligne le Dr Cadranel. Le résultat le plus étonnant est le pourcentage de porteurs asymptomatiques nettement moins important que prévu. Ces données devraient inciter les hépato-gastro-entérologues à s'intéresser davantage à cette pathologie, qui est loin d'être bénigne. Elles justifient encore plus, s'il en était besoin, de préconiser la vaccination des nourrissons. Ce vaccin est très efficace et sans risque chez le jeune enfant. »
D'après un entretien avec le Dr Jean-François Cadranel, centre hospitalier de Creil.
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