La perte de généralistes a entraîné une « explosion » de l'activité des urgences : la FHF prône la coercition

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Publié le 04/09/2018
Frédéric Valletoux

Frédéric Valletoux
Crédit photo : Stéphane Lancelot

À quelques jours de l’annonce par Agnès Buzyn de la réforme du système de santé, le président de la Fédération hospitalière de France (FHF), Frédéric Valletoux, a réclamé ce mardi une politique « volontariste et ambitieuse ». Certaines de ses requêtes devraient faire grincer quelques dents…

« Il faut s’attaquer réellement à la pertinence des soins, en faire la boussole de la réforme », a plaidé le président de la FHF à la veille des Universités d'été de la fédération des hôpitaux publics, mercredi 5 septembre, à l'Institut National des Jeunes Sourds (Paris).

La pertinence, source d’importantes économies, pourrait permettre de réinjecter de l’argent dans « l’attractivité des carrières » ou encore « l’investissement hospitalier », à l'heure où le déficit des hôpitaux avoisinait le milliard d'euros en 2017. « Si les dépenses abusives représentent 30 % des dépenses de santé, comme le dit Agnès Buzyn, nous pouvons faire d’énormes gains », a ajouté Frédéric Valletoux.

La diminution des généralistes a entraîné une fréquentation accrue des urgences

Pour appuyer son propos, la FHF a dévoilé une étude mettant en lumière les variations de pratiques majeures entre régions sur le recours à la chirurgie du canal carpien, la coronarographie ou l'arthroscopie du genou.

L’une des cartographies de l’étude met en évidence une corrélation entre l'effectif de généralistes d’un département et la fréquentation de ses services d’urgence (voir ci-dessous). Ainsi, 64,6 % des départements ont vu leur nombre de passages aux urgences augmenter quand en parallèle, le nombre de médecins généralistes baisser entre 2011 et 2016.

« La fréquentation des urgences par des personnes qui ne sont ensuite pas hospitalisées a augmenté de 7 % au premier semestre 2018. C’est énorme. Il faut absolument casser (…) cette explosion de la fréquentation aux urgences de personnes qui pourraient être traitées autrement, à meilleur coût et qui pourraient même être mieux accueillies, a lancé Frédéric Valletoux. C’est un dysfonctionnement majeur du système ». « Chaque acteur doit pouvoir jouer son rôle pour garantir les parcours de santé des populations », a ajouté Zaynab Riet.

Pour le retour des gardes obligatoires et du déconventionnement

Frédéric Valletoux a réaffirmé la position de la FHF pour la fin de la liberté totale d'installation. Il défend le déconventionnement des médecins qui s'installeraient dans un territoire suffisamment doté. Même s'il ne s’agit pas d’une solution miracle. « Il y a de moins en moins de territoires suffisamment dotés, reconnaît-il. C'est plus une intention politique, pour montrer que l’État va à nouveau réguler le système ».

Conscient que les généralistes sont débordés, le président de la FHF estime qu’un retour à un système de gardes obligatoires pour les omnipraticiens serait également un « marqueur fort » de la part du gouvernement.


Source : lequotidiendumedecin.fr