La présence de la Chine lors d'un colloque au Vatican sur le trafic d'organes fait polémique

Publié le 10/02/2017
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Crédit photo : S. TOUBON

En invitant des officiels chinois à participer au colloque sur le trafic d’organes et le tourisme de la transplantation les 7 et 8 février derniers, le Vatican a essuyé une pluie de critiques notamment du côté d’une partie de la communauté médicale internationale.

Protestation de l'association DAFOH

De nombreux spécialistes de l’éthique médicale ont interpellé l’Académie pontificale des sciences à l’origine de ce colloque sur la participation de Pékin et les risques d’instrumentalisation de la part des Chinois. « La Chine tente d’utiliser le Vatican pour couvrir ses crimes sur le prélèvement forcé des organes », s’est insurgé pour sa part le DAFOH, l’organisation Doctors Against Forced Organ Harvesting.

Pour éteindre l’incendie ou, pour le moins, essayer de l'éteindre, le chancelier de l’Académie pontificale des sciences Mgr Marcello Sorondo a affirmé, en inaugurant les travaux, que le Saint-Siège ne couvrait pas les pratiques de la Chine en matière d’organes. Soit. Mais la présence à ce colloque de Huang Jiefu, ancien vice-ministre chinois de la santé et chef du Comité chinois du don d’organe a choqué. D’autant que la situation actuelle en matière de « dons » d’organes n’est pas vraiment transparente. Malgré l’adoption en janvier 2015 d’une loi interdisant certaines pratiques forcées, les associations des droits de l’homme et la communauté médicale internationale estime que les prélèvements sur les condamnés à mort sont encore à l’ordre du jour.

Appel à soutenir le don

Une des causes du trafic d'organes et du tourisme médical autour de la transplantation est, selon l’Académie pontificale des sciences, le manque de greffon : seulement 10 % (120 000) des besoins estimés par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) à 1 million chaque année, seraient couverts. « Le trafic d’organes est quasiment inexistant dans les pays où le système de santé fonctionne et la population habituée au don d’organes grâce à une bonne communication », a affirmé Mgr Sorondo. Il a invité les communautés religieuses et leurs leaders, à soutenir financièrement le don d’organes pour freiner le trafic. Le Vatican a aussi demandé aux gouvernements des pays invités à ce colloque, à « réprimer et punir sévèrement les crimes liés aux greffes ». Cela veut dire le trafic d’organes et le prélèvement « volontaire », peut-être un message adressé au gouvernement chinois. Un appel identique a également été lancé aux Nations unies et à toutes les organisations onusiennes ainsi qu’au Conseil de l’Europe.

De notre correspondante Ariel F. Dumont

Source : lequotidiendumedecin.fr