Myéline périphérique

La protéine prion crée la surprise

Publié le 26/01/2010
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LA PROTÉINE PRION normale PrPC est abondamment exprimée dans le système nerveux central et périphérique (neurones, cellules gliales), ainsi que dans les cellules du système immunitaire et les cellules épithéliales et endothéliales.

On sait que la protéine PrPC joue un rôle clé dans la neurotoxicité du prion PrPSc (Brandner et coll., « Nature » 1996) et celle de l’amyloïde bêta (Lauren et coll., « Nature » 2009) ; aussi disséquer la base moléculaire de sa fonction pourrait révéler de nouvelles voies de neurodégénérescence.

L’équipe du Dr Adriano Aguzzi (Hôpital Universitaire de Zurich, Suisse) apporte, dans la revue « Nature Neuroscience », un nouvel aperçu sur sa fonction.

Les chercheurs ont constaté que l’ablation de la protéine PrPC dans quatre souches de souris knock-out déclenche une polyneuropathie démyélénisante chronique.

Neuropathie démyélinisante.

Cette neuropathie démyélenisante touche tous les nerfs périphériques et débute immédiatement après l’achèvement de la myélinisation périphérique, ce qui témoigne d’une démyélinisation précoce mais non congénitale ; la démyélinisation est partielle car les symptômes se limitent à une baisse de la force de préhension et de la nociception.

Ils ont été surpris de découvrir que la prévention de cette neuropathie requiert l’expression de PrPc par les neurones, et non par les cellules de Schwann - les cellules qui produisent la gaine de myéline autour des axones dans le système nerveux périphérique.

Et, inversement, la polyneuropathie démyélinisante peut être déclenchée par la déplétion de PrPC spécifiquement dans les neurones, mais non dans les cellules de Schwann.

Ainsi, le maintien de la myéline périphérique requiert la PrPC neuronale, ce qui permet de penser que la PrPC intervient dans la communication directionnelle entre les axones et les cellules de Schwann.

Cette étude conduit donc à considérer la protéine PrPC comme un médiateur neuronal crucial de l’entretien de la myéline périphérique. Son absence perturbe le maintien de la myéline à long-terme.

Il reste à découvrir comment la protéine PrPc influence l’entretien de la myéline ; interagit-elle directement avec des composants de la myéline ou à travers d’autres protéines axonales ?

« Un éclaircissement de la base moléculaire de ces phénomènes pourrait amener à mieux comprendre les neuropathies périphériques, en particulier celles d’apparition tardive, et pourrait aider à découvrir de nouvelles cibles thérapeutiques pour ces fréquentes affections débilitantes », notent les chercheurs.

Nature Neuroscience 24 janvier 2010, Petersen et coll., DOI: 10.1038/nn.2483

 Dr VÉRONIQUE NGUYEN

Source : Le Quotidien du Médecin: 8694