Les médecins n’ont pas attendu que la formation médicale devienne obligatoire pour en percevoir la nécessité. Tout particulièrement en cardiologie, où l’évolution des techniques et des traitements est rapide, les médecins ont adhéré à cette démarche d’actualisation de leurs connaissances pour rester performants dans leurs pratiques quotidiennes. Tout au long de ces dernières décennies, le cadre dans lequel s'exercent ces formations n'a cessé d'évoluer depuis les points cumulés lors des séances de formation médicale continue (FMC), jusqu’au développement professionnel continu (DPC) actuellement en vigueur qui illustre bien le mal français : « Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? ».
Deux sources de financement
La formation médicale continue s’appuie sur deux sources de financement : le prélèvement d’un pourcentage sur l’ensemble des actes médicaux, et une cotisation obligatoire pour la formation contribuant au fonctionnement du fonds d’assurance formation (FAF). Des sommes importantes dont on espère qu’elles ne se dissolvent pas dans l’usine à gaz administrative pour n’allouer qu’une portion congrue aux médecins satisfaisant à leurs obligations de formation désormais sur un rythme triennal avec 21 heures par an indemnisables. Reste aussi à s’assurer de la qualité de la formation dispensée, vérifiée en ce qui concerne les sociétés savantes (Société française de cardiologie, Collège national des cardiologues des hôpitaux, Collège national des cardiologues français, et Union nationale de formation médicale continue et d’évaluation en médecine cardiovasculaire) et qui demanderait à être analysée concernant les officines spécialisées dans la récupération de la manne publique.
S'affranchir d'un partenariat privé ?
Une autre question mériterait d’être soulevée : la formation médicale continue peut-elle s’affranchir d’un partenariat privé ? Sur le plan éthique et selon les recommandations des autorités de santé ce serait sans doute préférable ; en revanche, sur le plan pragmatique, il apparaît impossible pour l’État de pourvoir au financement des formations nécessaires : 3 séances par an indemnisées ne permettent pas la réactualisation des connaissances et de surcroît ces indemnisations ont été revues à la baisse.
Dans les suites d’affaires récentes suggérant une influence de l’industrie sur les prescriptions, la formation médicale soutenue par les partenariats privés a été fortement affectée d’autant qu’il y a confusion entre les invitations commerciales des laboratoires et leurs contributions réelles nécessaires au maintien d’actions de formation, dans le cadre des associations en particulier, avec le souci de conserver un message indépendant ; la pluralité habituelle des financements garantit une certaine neutralité du message.
Les grands congrès, lieux incontournables de formation
De même les congrès, indispensables à la formation des médecins, lieu de rencontre des praticiens et de convergence des acteurs de la recherche permettent d’actualiser les connaissances des cardiologues sur l’état de la thérapeutique, des devices, des techniques ainsi que sur les évolutions futures. Actuellement, dans la perspective de la loi EUCOMED, nombreux sont les partenaires de l’industrie qui se sont désengagés et ont déserté les congrès nationaux pour privilégier des manifestations parallèles privées conçues et organisées par eux-mêmes avec un message promotionnel.
Toutefois, les grands congrès nationaux et internationaux, en particulier dans les domaines de la stimulation et des technologies avancées, sont indispensables pour informer la communauté médicale des progrès et des technologies en devenir.
D’autre part, des formations spécifiques destinées à des cardiologues en période d’acquisition de validation dans des techniques de pointe ne peuvent s’effectuer qu’avec la prise en charge des fabricants.
Sans les grands congrès, comment les médecins seraient-ils informés, par exemple, du projet CARMAT ou de la recherche sur les cellules-souches autrement que par la presse grand public avec toutes les interprétations possibles compte tenu de l’actionnariat privé dans le développement de cette technique ?
Quelles que soient les formations suivies par les médecins, il faut se souvenir que l’on apprend également beaucoup des patients eux-mêmes dès lors que l’on s’attache à un suivi de cas particuliers qui sont autant d’informations précieuses contribuant à notre expérience.
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