La schizophrénie reste une maladie stigmatisée et mal connue du grand public, confirme, à l'occasion des Semaines de l'information sur la santé mentale (12-25 mars), un Baromètre Opinionway 2018 réalisé en partenariat avec les laboratoires Janssen, les associations PromesseS et UNAFAM, et la fondation Pierre Deniker auprès d'un échantillon représentatif de 1 102 personnes.
Mais la nécessité d'une prise de conscience touche aussi les professionnels de santé, y compris les médecins, révèle l'enquête menée également auprès de 7 cibles spécifiques, dont 100 généralistes, 100 pharmaciens, 100 infirmiers et 100 psychiatres.
Avec plus de 600 000 personnes atteintes (1 % de la population), la schizophrénie est fréquente. Cette prévalence élevée n'est pas connue du grand public, ni des médecins généralistes (85 % l'ignorent) et, à un moindre degré, des psychiatres interrogés (39 %).
Importance de l'environnement
La schizophrénie est le résultat d'une interaction de la génétique (40 %) et de facteurs environnementaux (drogue, stress, infections materno-fœtales), a rappelé lors d'une conférence de presse le Dr Pierre de Maricourt, psychiatre à l'hôpital Sainte-Anne (Paris). « Ce n'est pas seulement une maladie génétique, a-t-il expliqué. D'autres facteurs environnementaux entrent en jeu. C'est l'interaction des facteurs qui entraînent la vulnérabilité à la maladie. »
Or si la consommation de drogues est bien identifiée comme facteur déclencheur, l'environnement (ex : familial, violences) ne l'est pas, pour 35 % des médecins généralistes et pour 38 % des psychiatres. Près de 70 % des généralistes et des psychiatres ne décrivent pas la maladie comme étant liée au stress psychologique et environnemental.
« La psychothérapie et les thérapies cognitivo-comportementales font partie intégrante du traitement avec les médicaments antipsychotiques », a pourtant souligné le Dr Maricourt. Existe-t-il un frein de la part des médecins à informer et à proposer de la psychoéducation aux patients ? Est-ce que seul est dissuasif le manque criant de moyens et de structures dédiés ? Peut-être pas. Le Baromètre suggère que l'information circule mal. Si la psychoéducation est connue comme traitement de la schizophrénie par plus de 90 % des psychiatres et 66 % des médecins généralistes, elle l'est par seulement la moitié des premiers concernés, les patients.
Des idées fausses
Deux symptômes de la schizophrénie sont peu connus des médecins : les troubles de la mémoire et la perte d'énergie. Près de 60 % des médecins, généralistes et psychiatres, ne citent pas les troubles de la mémoire comme correspondant à la schizophrénie et près de 70 % des médecins généralistes ne listent pas la perte d'énergie.
À l'inverse, des idées fausses sont attribuées à la schizophrénie par les médecins, 46 % des généralistes citent les troubles alimentaires et la bipolarité et 21 % des psychiatres les troubles du comportement alimentaire. Un quart des médecins généralistes et psychiatres citent les troubles obsessionnels compulsifs.
Alors que « les patients schizophrènes sont avant tout dangereux pour eux-mêmes, avec 10-15 % de mort par suicide », a souligné le Dr de Maricourt, 77 % des médecins généralistes perçoivent la schizophrénie comme dangereuse pour les autres. Dans l'enquête, un médecin généraliste sur deux rapporte ne pas se sentir assez informé sur la pathologie. La fondation Pierre Deniker va lancer en mai 2018 une large campagne d'information et de déstigmatisation avec des spots TV (France Télévisions) et Web (réseaux sociaux).
Conférence de presse organisée par les laboratoires Janssen, les associations UNAFAM, Promesses et la fondation Pierre Deniker
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