La SFPO demande "une simplification de choc pour le remboursement des médicaments anticancéreux"

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Publié le 13/04/2017
Entretien avec Jean-François Tournamille, trésorier de la Société française de pharmacie oncologique (SFPO). Septième volet de notre enquête auprès des sociétés savantes dans le cadre de l'élections présidentielle 2017.
visuel SFPO

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Crédit photo : BURGER/PHANIE

Décision Santé. Quelles demandes spécifiques formulez-vous en tant que société savante à l'encontre des candidats à l'élection présidentielle ?

Jean-François Tournamille. Les membres du bureau de la SFPO ont élaboré 6 propositions concrètes.

1. la création d’une prestation obligatoire de mise en place des conciliations médicamenteuses, des consultations pharmaceutiques et du suivi des chimiothérapies. Le suivi de ces dernières pourrait être effectué par les pharmaciens hospitaliers ou  officinaux spécialisés en oncologie. Les chimiothérapies injectables à domicile ne sont pas suffisamment encadrées non plus. Elle le sont parfois au niveau régional. Un grand flou demeure néanmoins. L'instauration d'un dispositif national adéquat comblerait ce vide. Enfin, l'encadrement et la clarification des circuits de dispensation des chimiothérapies orales permettrait une meilleure utilisation en ambulatoire. Elles sont de plus en plus nombreuses et mettent parfois en difficultés les officinaux qui sont moins spécialisés et moins formés que les spécialistes hospitaliers en pharmacie oncologique sur ce sujet.

2. la reconnaissance de la spécialité de pharmacie oncologique et l'autorisation des pharmaciens formés à prescrire, comme cela se passe déjà au Royaume-Uni.

3. le renforcement de l’Institut national du cancer (Inca) ou de ses liens avec les sociétés savantes pour fédérer et standardiser les conduites à tenir (CAT), comme cela se passe dans le système canadien. Comme les CAT à tenir en cas de prescription hors autorisations de mise sur le marché (AMM) ou en cas de rupture et de nécessité de remplacement ou d’adaptation de protocole. Suite à des ruptures, on arrive à des protocoles qui ne sont pas tout à fait sécurisés. Enfin, dernier souhait, la mise en commun d'éléments standards serait souhaitable via des bases de donnée uniques et communicantes de référentiels de bon usage, de métiers, de protocoles de chimiothérapie. Rien n'est harmonisé pour l'instant à ce niveau et les efforts sont multipliés avec les mêmes bases de réflexion et les mêmes logiciels sur chaque site.

4. une simplification de choc pour le remboursement des médicaments. Ce secteur est devenu une véritable usine à gaz (article 48, dispositifs pérennes, avant et après l'AMM, régimes d'autorisation temporaire d'utilisation-ATU de cohorte et nominative, etc). Les référentiels de l'Inca avaient eu le mérite de tout mettre à plat. Cela n'avait pas réduit pour autant les utilisations hors AMM. Aujourd'hui, la situation a bien changé. Nous ne pouvons plus absorber les coûts des médicaments lorsqu'ils ne sont pas pris en charge. Les patients ne sont pas traités de manière uniforme en fonction du centre où ils sont reçus. Cette problématique est liée à l'accès à l'innovation qui est contraint par les modalités de remboursement.

5. la création et/ou le soutien de maisons de santé (avec spécialisation oncologique) incluant une pharmacie. Dans le cas où il y aurait des maisons de santé spécialisées avec un label oncologie, elles pourraient prendre en charge les chimiothérapies à domicile et orales et faire le lien entre l'hôpital et la ville. Actuellement, pour un patient qui sort de l'hôpital avec des chimiothérapies à domicile ou orales, les pharmaciens hospitaliers s'adressent aux libéraux pour informer les patients. Aucun référent en ville n'est compétent pour créer ce lien. Des réseaux territoriaux le font déjà, mais de façon plus ou moins efficaces selon les départements.

6. rendre obligatoire la traçabilité et le marquage au flacon, sur les conditionnements secondaires depuis 2011. Or dans toute unité de préparation de chimiothérapies, nous sommes contraints de retirer les boîtes qui ne sont pas autorisées dans nos environnements de travail sans particules (zones d’atmosphère controlée-Zac).

 


Source : lequotidiendumedecin.fr