Les écarts de poids suivis à distance

La télésanté au chevet des insuffisants cardiaques d’Auvergne

Publié le 24/06/2013
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UN SYSTÈME de télésurveillance lancé en septembre 2011 par le service de coordination de Cardiauvergne avec le soutien de l’ARS et la participation des professionnels de santé (généralistes, cardiologues, pharmaciens, infirmiers...) a permis de suivre à distance 315 patients insuffisants cardiaques chroniques l’an dernier. « L’insuffisance cardiaque est la première cause d’hospitalisation après 60 ans, c’est une maladie meurtrière et très coûteuse », explique le Pr Jean Cassagnes, ancien chef de service de cardiologie au CHU de Clermont-Ferrand, à l’origine du projet. La prise en charge d’un patient coûte 20 000 euros lors de la première année dont 90 % de frais d’hospitalisation.

La prise de poids est un marqueur fort de l’insuffisance cardiaque. Cardiauvergne a décidé de la surveiller scrupuleusement. Une solution a été mise au point en septembre 2011 par les industriels Digi (passerelles cellulaires) et Almerys (serveur sécurisé). Le principe est simple. Un pèse-personne relié à un moniteur connecté par Internet au réseau de Cardiauvergne est remis au patient volontaire. Celui-ci est invité à se peser tous les jours au lever, vessie vide. Son poids est transmis à la cellule de coordination constituée d’un médecin, un cadre de santé et une infirmière. Les écarts significatifs entraînent le déclenchement d’une alerte (à partir de 2 kilos) ou d’une alarme (au-delà de 5 kilos).

Quand le pèse-personne balance.

À chaque alerte, un coup de fil est passé au patient pour vérifier la prise de poids et en chercher les causes. Toute alarme est signalée au généraliste. Le patient est contacté pour une évaluation. « Le problème est qu’un médecin sur deux refuse de donner son mobile ou son adresse électronique », regrette le Pr Cassagnes. Le dispositif permet aux professionnels de demander des analyses et d’adapter le traitement.

L’admission du patient au programme de Cardiauvergne doit être demandée par un cardiologue hospitalier ou libéral. Le patient et le généraliste doivent donner leur consentement. Le pharmacien et l’infirmière de proximité sont ensuite contactés et inclus dans le dispositif. Lors de leurs visites, grâce à des smartphones, les infirmières remplissent des indicateurs cliniques : fatigue, apparition d’œdèmes sur les membres inférieurs, fréquence cardiaque... Les pharmaciens transfèrent au réseau les modifications de traitement et les laboratoires d’analyse y envoient leurs résultats. En un peu plus d’un an, Cardiauvergne a inclus 261 médecins, 229 pharmaciens et 579 infirmières.

La télésurveillance a permis de détecter 80 alertes par jour et 600 alarmes en 2012. Si 18 patients sont décédés l’an dernier, les réhospitalisations précoces (30) ont fait baisser la durée moyenne de séjour de 10,5 à 7,2 jours et permis d’économiser 7 000 euros par an et par patient, indique le Pr Cassagnes.

Cardiauvergne dispose de subventions de la région, de l’État et de l’Europe. Le réseau attend l’arbitrage de l’ARS Auvergne et espère disposer en 2014 du même budget (320 000 euros) qu’en 2013. Objectif : prolonger l’espérance de vie des patients et continuer à réduire les réhospitalisations.

 CHRISTOPHE GATTUSO

Source : Le Quotidien du Médecin: 9253