Pathologies de la thyroïde

La vitesse de croissance plus évocatrice que la clinique

Publié le 17/12/2015
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À la naissance, le dépistage d’une hypothyroïdie congénitale est fait très simplement sur le dosage de la TSH, au troisième jour de vie, sur un papier buvard. Lorsque la TSH est supérieure à 20 mUI/l (15 dans certaines régions), un second buvard, de contrôle, est demandé. Une TSH au-delà de 40 mUI/l au premier buvard ou supérieure à 20 au second rend presque certain le diagnostic d’hypothyroïdie congénitale, alors confirmé par la prise de sang.

Les faux positifs étant rares, un traitement de substitution est alors aussitôt entrepris pour éviter les conséquences délétères sur la croissance et le développement neuropsychologique. Dans la plupart des cas, la thyroïde est effectivement absente ou ectopique, mais, et c’est un piège diagnostique, la glande peut être en place et une pathologie maternelle thyroïdienne perturber le bilan. Autre brouilleur de pistes, la prématurité qui s’accompagne parfois d’une hypothyroïdie transitoire. La question, qui fait toujours débat, est ici de savoir s’il faut ou non supplémenter le temps du trouble thyroïdien.

Si hypothyroïdie congénitale il y a, traitée par conséquent, la TSH est surveillée régulièrement pour ajuster le traitement substitutif.

Hypothyroïdie périphérique

Plus tard dans la vie, deux autres pathologies thyroïdiennes justifient que l’on pratique régulièrement un bilan, TSH (idéalement à moins de 5 mUI/l) associée le plus souvent à un dosage de la T4 qui doit être dans les normes, à la recherche d’une hypothyroïdie périphérique. Il s’agit de l’insuffisance thyréotrope, isolée ou associée dans le cadre d’une insuffisance hypophysaire globale, ou, plus fréquemment, d’une thyroïdite d’Hashimoto.

Chez le grand enfant, un dosage des hormones thyroïdiennes est réalisé en cas fatigue et/ou prise de poids, à la recherche d’une hypothyroïdie pouvant expliquer ces symptômes, sur un terrain a priori indemne de pathologie thyroïdienne et d’antécédent. Les TSH sont, dans ce contexte, souvent discrètement élevées sans que l’on sache si cette anomalie est la cause ou conséquence du surpoids. Plus évocatrice d’une perturbation de la fonction thyroïdienne, la vitesse de croissance : elle est accélérée en cas d’hyperthyroïdie, ralentie en cas d’hypothyroïdie.

A contrario, quand la courbe de croissance reste régulière, l’hypothèse d’une hypothyroïdie sur l’un quelconque de ces signes, prise de poids, constipation, frilosité, fatigue, etc., peut être dans la quasi-totalité des cas infirmée. Comme celle d’une hyperthyroïdie sur des signes pourtant évocateurs (tachycardie, perte de poids, etc.) si la vitesse de croissance est régulière là encore.

Un bilan thyroïdien est bien sûr nécessaire en cas de goître ou de nodules cervicaux à la palpation. Enfin, une surveillance attentive et régulière est indispensable au décours d’une irradiation cervicale, qui comprend le dosage des hormones thyroïdiennes certes, mais aussi une échographie thyroïdienne en raison du risque tumoral accru.

Dr B. B.

Source : Le Quotidien du Médecin: 9459