Diversification alimentaire

L'apprentissage des saveurs

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Publié le 05/04/2018
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bb assis

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Crédit photo : BURGER/PHANIE

La diversification alimentaire se définit par l’introduction d’aliments solides chez un nourrisson auparavant exclusivement nourri par allaitement maternel ou préparation pour nourrisson. Plusieurs études supportent la notion d’une fenêtre d’opportunité entre 4 et 6 mois pour la diversification alimentaire (1) (2) (3). Une étude randomisée a montré qu’introduire l’arachide précocement diminue l’allergie à cet aliment par rapport à une introduction tardive (4).

Le Dr Arnault Pfersdorff, pédiatre à Strasbourg, invite à « privilégier l’allaitement, adapté aux besoins de l’enfant, 100 % naturel et gratuit, sans culpabiliser la mère qui ne désire ou ne peut allaiter ». La diversification débute vers 5 mois par des légumes (les salés) à midi : 130 gr en « petit pot » du commerce ou cuits « maison » sans sel, mixés sans morceaux avec 2 cuillerées à café d’huile de colza, riche en oméga 3. Elle est suivie 15 jours après par les « sucrés » au goûter (130 gr de fruits mixés à la maison). À midi et au goûter compléter par du lait (allaitement maternel ou biberon de 90 à 120 gr). Deux écoles à partir du 6e mois Au 6e mois, introduire viandes blanches et laitages. Le lait n’est donné que matin et soir (allaitement ou lait 2e âge 240 à 270 gr), moins à midi et au goûter. Le soir, si l’enfant refuse le lait, donner des légumes. Il fait des repas de 250 à 300 gr. « En France, les sociétés de pédiatrie recommandent des purées un peu moins mixées pour que l’enfant apprenne à mâcher : à midi 200 gr dont 15 à 20 gr de viande blanche mixée, le reste de légumes. Le repas se termine par un pot de fruits (130 gr), un laitage (yaourt, petit suisse) ou un produit dédié à la petite enfance allégé en protéines et sans sucre » explique le Dr Pfersdorff. À 7 mois, viandes rouges, jaune d’œuf, puis blanc d’œuf et poisson sont introduits et de moins en moins mixés. L’enfant mastique de petits morceaux. À 7-8 mois, il mange de tout et prend du lait matin et soir. Vers 11 mois, passer au lait 3e âge jusqu’à ses 3 ans.

La diversification menée par l’enfant

Cette nouvelle école adoptée par certains pédiatres, n’est pas validée en France par les sociétés savantes.

La diversification menée par l'enfant débute vers 6 mois quand l’enfant tient assis dans une chaise haute, maintenu par des coussins. Dans un environnement calme et sous surveillance, elle consiste à disposer devant lui des morceaux d’aliments de la taille de son poing. Ce peut être un fond d’artichaut, une pomme de terre, une carotte, un morceau de brocolis, une endive, une mangue, ou bien d'autres aliments encore (5). Si possible, s'asseoir et prendre le repas en famille en même temps que lui. « L’enfant a le contrôle. Il repère l’aliment, décide ou non de le saisir avec sa main, l’analyse (aspect, consistance, texture, odeur…) et le mène à sa bouche, le ronge, suce, rogne de ses gencives. Mastiquer tôt améliore l’occlusion dentaire. Un morceau est dans sa bouche ? Rassurons les parents. Qu’ils restent calmes, laissent faire et surveillent. S’il lui convient, il mâchera et avalera, sinon il recrachera. L'enfant a le droit de ne pas aimer. Certes, il en met partout… Mais lui laisser découvrir par lui-même et à son rythme la forme et les saveurs des aliments, prévient les refus alimentaires. Un enfant sur deux estime qu’il y a tromperie quand il découvre des morceaux – qui plus est d'un aliment nouveau —, cachés dans sa purée jusqu'alors homogène. Certains sont furieux ! », explique le Dr Pfersdorff. Si l’enfant n’a pas assez mangé, compléter par du lait. « Arrêtons de reproduire les schémas parentaux et de forcer les bébés à finir leur assiette », suggère le spécialiste.

(1) Katz Y et al., J Allergy Clin Immunol 2010;126:77–82.
(2) Strobel Set al., Curr Opin Allergy Clin Immunol 2006;6:207–13.
(3) Prescott SL et al., Pediatr Allergy Immunol 2008;19:375–80.
(4) Du Toit G et al.,. N Engl J Med 2015;372:803–13.
(5) liste d’aliments disponible sur www.pediatre-online.fr

Dr Sophie Parienté

Source : Le Quotidien du médecin: 9654