CONGRES HEBDO
Sur le plan épidémiologique, une étude du registre genevois des tumeurs montre que les cancers du côlon droit exposent davantage au risque de second cancer que les cancers du côlon gauche. D'après une étude réalisée à l'hôpital Bichat sur 110 patients (âge médian = 82,3 ans), l'évaluation de la prise en charge thérapeutique des sujets âgés de plus de 75 ans, montre que seul 1 patient sur 2 bénéficie d'un traitement à visée carcinologique. Des difficultés sont rencontrées pour proposer la radiothérapie préopératoire des cancers du rectum et la chimiothérapie des cancers du côlon stade III. En revanche, deux études de registres de cancers, l'une effectuée en Bourgogne et l'autre dans le Calvados, montrent une amélioration du pronostic en termes de survie à cinq ans des cancers du côlon et du rectum dans les populations entières depuis 1976 en Côte-d'Or et 1990 dans le Calvados.
Les dépenses de santé s'accroissent au fil des ans, on en perçoit les bénéfices dans certains domaines pathologiques.
En ce qui concerne les facteurs pronostiques, une étude du registre des cancers digestifs de Dijon révèle que la survie est meilleure chez les patients ayant un apport énergétique élevé (> 1684 cal/j) ont un meilleur pronostic de survie. Ces constatations soulèvent deux questions : sélectionne-t-on des clones tumoraux moins invasifs quand on a un bon apport énergétique ? A-t-on un meilleur statut immunologique quand on se nourrit mieux ? Dans les cancers stade II (T3-T4, N0, M0), on aimerait trouver des facteurs de mauvais pronostic permettant de sélectionner des patients pour qui la chimiothérapie adjuvante serait utile.
La surexpression de COX-2, un facteur de mauvais pronostic
Dans une étude portant sur 62 patients suivis pendant 46,7 mois, A. Lièvre (Nantes) a constaté une surexpression de la cyclooxygénase 2 (COX-2) chez 43 % d'entre eux. Cette surexpression est un facteur de mauvais pronostic, indépendant du stade TNM. Chez ces patients, la survie globale à trois ans a été de 52 %, alors qu'elle a atteint 83 % chez ceux qui ne surexprimaient pas COX-2, avec une survie sans récidive de, respectivement, 48 % et 82 %. Cette surexpression de COX-2 est plus fréquente dans les cancers du rectum et du sigmoïde, dans les cancers avec un contingent colloïde et quand les patients sont MSI+ (MicroSatellite Instability). Cette étude pourrait avoir deux implications : d'une part, mieux sélectionner les patients pouvant bénéficier d'une chimiothérapie ; d'autre part, prescrire des anti-COX2 à ceux qui le surexpriment, afin de diminuer la récidive cancéreuse.
En matière de dépistage et de prévention, une enquête des gastro-entérologues du Haut-Rhin auprès de 630 médecins généralistes montre que 74 % d'entre eux ne connaissent pas les recommandations de la conférence de consensus sur le dépistage du cancer colo-rectal ! D'où l'importance des campagnes d'information et de sensibilisation au dépistage par Hemoccult. On sait que ce test, proposé par le médecin généraliste tous les deux ans, dans le cadre de campagnes organisées, permet de réduire la mortalité de 17,7 %. Une analyse du rapport coût-efficacité de ce dépistage en Saône-et-Loire sur une période de vingt ans montre que le coût est de 3 492 euros par année gagnée. Il faudrait le comparer à celui obtenu de la mammographie, par exemple.
L'un des soucis de la communauté des hépato-gastro-entérologues en matière de cancers colo-rectaux est de dépister les formes familiales (de 4 à 5 %). Les plus fréquentes d'entre elles, les syndromes HNPCC (Human Non Polyposis Colo-rectal Cancer), anciennement syndromes de Lynch, s'accompagnent d'anomalies de la réplication de l'ADN dans les tumeurs MSI+.
Les formes familiales
Leur diagnostic reposait jusqu'à présent sur des méthodes onéreuses et complexes de biologie moléculaire. Une nouvelle série toulousaine de 95 patients, rapportée par J. Selves, montre une parfaite concordance entre la biologie moléculaire et l'immunohistochimie, qui est à la portée de tout laboratoire d'anatomopathologie. Reste à déterminer la population de patients à qui proposer l'examen avec de bonnes chances de positivité.
En ce qui concerne le traitement chirurgical, une étude réalisée à l'hôpital Saint-Antoine (Paris) montre qu'il est intéressant, après une amputation abdomino-périnéale élargie, en particulier chez la femme, de faire une reconstruction immédiate pelvi-périnéale par lambeaux myocutanés. Il n'y a pas de surmorbidité liée à cette technique. En outre, elle améliore la qualité de vie. Quant à la chimiothérapie, une étude menée par V. Boige (IGR, Paris) montre la bonne tolérance de l'oxaliplatine par voie intra-artérielle hépatique pour traiter les métastases hépatiques et un taux de réponses objectives élevé (55 %) après échec d'une chimiothérapie par voie intraveineuse.
Enfin, pour les soins palliatifs, une étude tourangelle confirme que la corticothérapie (40 mg/j) pendant quatre semaines a une action favorable sur l'asthénie et l'anorexie associées aux cancers digestifs avancés, améliorant la qualité de vie des patients ; certains ayant pu ensuite bénéficier d'une chimiothérapie.
D'après un entretien avec le Dr Jean-Louis Legoux, secrétaire du conseil scientifique de la Fédération francophone de cancérologie digestive (FFCD), CHU de Bordeaux, hôpital Haut-Lévêque, Pessac.
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