Le centre de traitement des brûlés de Percy fait peau neuve

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Publié le 08/12/2017
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Crédit photo : S. Toubon

Charlotte sur la tête et chaussons au pied, on comprend que le nouveau centre de traitement des brûlés (CTB) de l'hôpital militaire Percy mène une guerre sans merci contre le risque d'infection.

Lors de l'inauguration officielle par Geneviève Darrieussecq, secrétaire d’État auprès de la ministre des Armées, et par la directrice générale du Service de santé des armées (SSA), le médecin général inspecteur Maryline Gygax Généro, le centre a dévoilé ses 18 chambres confinées, dont 6 disposent d'une puissante unité de traitement d'air pour protéger les patients les plus graves et les plus immunodéprimés.

« Les malades sont très confinés, les chambres sont en surpression et leur accès contrôlé par un sas », détaille notre guide, le médecin-chef Thomas (les noms de famille des militaires, même médecins, ne peuvent être cités, pour des raisons de sécurité), anesthésiste réanimateur et chef du CTB.

L'architecte a prévu un vaste espace vert visible depuis toutes les chambres où les brûlés restent confinés en dehors des bains, des changements de pansement sous anesthésie générale ou des opérations chirurgicales. Une aire d'accueil et un sas sont prévus pour permettre aux visiteurs de s'équiper en vue d'un court passage dans la chambre. Une possibilité d'échanges plus prolongés est également possible grâce aux sas de visite étanches, protégés par une vitre mais doté d'un interphone et donnant directement sur chaque chambre.

Spécialisé dans les cas les plus graves

Il a fallu 3 ans de travaux et 30 millions d'euros pour construire le nouveau bâtiment, doté de 18 chambres confinées et équipées pour la réanimation lourde, ainsi que d'un plateau technique de 3 500 m2. Il s'agit aussi d'un des deux centres français capables de traiter les très grands brûlés (plus de 70 % de surface du corps atteinte), à l'aide d'épidermes cultivés en laboratoire. Le CTB travaille en lien étroit avec l'unité de thérapie cellulaire et tissulaire de l'institut de recherche biomédicale des armées. Il s'agit aussi d'un des deux établissements, avec le Centre des brûlés de Lyon Pierre Colson Hôpital Edouard Herriot, équipé pour les brûlés contaminés et/ou irradiés.

Enfin, il est aussi un des 3 seuls endroits où peuvent être pris en charge des patients cumulant brûlures et traumatismes corporels. Une zone de déchoquage dotée des équipements nécessaires aux bains des patients est en effet installée à une extrémité du bâtiment. C'est là une conséquence de la mission traditionnelle du CTB : l'accueil des militaires blessés en opération.

« Compte tenu des circonstances de survenue des brûlures de guerre, les militaires brûlés nous parviennent dans un état plus grave que les civils, ils ont parcouru plus de kilomètres, sont plus à risque de porter des bactéries résistantes, sont plus souvent traumatisés, et arrivent de surcroît en cas groupés, énumère le médecin-chef Thomas. Nous sommes donc conçus pour prendre en charge des afflux de 3 à 8 cas de brûlés traumatisés en simultané, même si cela représenterait une charge considérable pour notre personnel ! »

28 jours en moyenne

La durée moyenne de séjour des grands brûlés dans le CTB est de 28 jours, plus long que la moyenne des centres accueillant des brûlés. Il faut dire que Percy est spécialisé dans le traitement des cas graves, supérieurs à 30 % de surface du corps brûlée. « La littérature américaine fait état de 1,2 jour par pour cent de surface corporelle brûlée, en France on serait plutôt entre 1,5 et 2 jours par pour cent », explique le médecin-chef Thomas.

La population est majoritairement civile : 100 grands brûlés militaires ont été admis au CTB depuis 2001, soit environ 10 % des 140 patients hospitalisés chaque année. Pour l'instant seuls 12 lits sont ouverts sur les 18 prévus, répartis en 3 unités de 6 lits dont une est encore fermée. « Si on parvient avoir le personnel pour atteindre 18 lits, nous recevrons entre 180 et 200 patients par an, promet le médecin-chef Thomas. Nous pourrons aussi déployer une capacité nouvelle : la pose de pansements en ambulatoire. »


Source : lequotidiendumedecin.fr