Stents coronaires résorbables

Le futur de la cardiologie interventionnelle ?

Publié le 02/11/2015
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C’est précisément l’objectif de l’essai randomisé ABSORB JAPAN (1) qui a comparé 2 plateformes actives libérant de l’évérolimus, le stent biorésorbable en polymère d’acide lactique ABSORB avec son ancêtre le stent métallique en cobalt-chrome XIENCE PRIME/EXPEDITION.

L’étude, menée uniquement au Japon dans 38 centres, a inclus 400 malades le plus souvent en angor stable (88 % des cas) avec un suivi clinique et angiographique réalisé respectivement 12 et 13 mois après l’implantation. Le protocole prévoyait de dilater une à deux lésions par patient, à l’exception des resténoses, des lésions ostiales, des bifurcations, des sténoses du tronc commun de la coronaire gauche ou des lésions pressenties indilatables car tortueuses ou calcifiées. Dans les critères d’inclusion, les lésions devaient être courtes (‹ 24 mm), avec des lumières coronaires de diamètre entre 2,5 et 3,75 mm, et la post-dilatation du stent ABSORB n’était pas obligatoire dans le protocole.

Le critère de jugement principal est un paramètre composite (TVF) qui associe mortalité cardiaque, infarctus du myocarde (IDM) en rapport avec le vaisseau traité et nouvelle revascularisation concernant la lésion cible. Le critère de jugement secondaire est la réduction du diamètre minimal de la lumière coronaire au site de l’angioplastie à 12 mois, mesuré par angiographie quantitative.

La randomisation selon un ratio de 2/1 a réparti 166 patients dans le groupe ABSORB et 134 dans le groupe XIENCE. La population est assez jeune (âge moyen 67 ± 10 ans), masculine (75 % de cas), et 36 % des patients sont diabétiques. Le diamètre de référence était en moyenne de 2,8 mm et les lésions coronaires étaient assez courtes (13,4 ± 5,3 mm).

Des résultats similaires à 12 mois

Après l’angioplastie, le diamètre minimal de la sténose est moins grand dans le groupe ABSORB, avec une différence moyenne de 0,21 mm. Ce résultat exprime la moindre résistance à l’écrasement du stent polymère malgré une post-dilatation faite à forte pression dans 80 % des cas.

À 12 mois, le taux d’échec global de l’intervention (TVF) n’est pas différent entre les 2 groupes : 4,2 % pour le stent ABSORB et 3,8 % pour le stent XIENCE. De façon concordante, le taux de thrombose de stent évalué à 1,5 % des cas, est identique dans les 2 groupes. Le contrôle angiographique retrouve également un comportement presque identique des 2 prothèses, avec une perte tardive de lumière en valeur absolue très similaire (0,19 mm). La resténose au niveau des lésions traitées est très faible, à peine 2 % des cas.

En résumé, au sein de cette population japonaise très sélectionnée, le stent résorbable ne semble pas inférieur au stent contrôle avec un suivi clinique de 12 mois. L’étude prévoit un suivi à plus long terme pour prouver le bénéfice théorique de ces prothèses.

Commentaires du Pr Pierre Coste

Un concurrent légitime

CHU Bordeaux

(1) Kimura T et al. Eur Heart J, ahead of print sept 1, 2015

(2). Elis SG et al . N Engl J Med, ahead of print oct 12, 2015

Pr Pierre Coste

Source : Congrès spécialiste