Optimisation des traitements en EHPAD

Le pharmacien référent, agent de l’observance

Publié le 05/10/2010
Article réservé aux abonnés

SUIVI DE L’OBSERVANCE, de quoi parle-t-on ? La question n’est pas superflue car l’observance ne se limite pas à la seule notion de « prise » ou « non prise » du médicament. Il faut également veiller à une bonne répartition des doses dans la journée, et au respect des modalités de prises définies dans l’AMM. Enfin, il ne suffit pas de constater un défaut d’observance, encore faut-il en comprendre les raisons, une galénique inappropriée ou des effets indésirables insupportables par exemple. L’observance est une préoccupation majeure du pharmacien au comptoir, mais également dans les nouvelles missions qui lui sont attribuées, en tant que pharmacien référent en EHPAD* notamment.

« Le rôle du pharmacien référent ne consiste pas à déposer les poches de médicaments à l’entrée de l’établissement », insiste Daniel Chevalier, pharmacien responsable des vigilances et de la sécurité des médicaments et des produits de santé au sein de l’ARS Poitou-Charentes. Une remarque qu’illustre parfaitement le rapport de l’Académie nationale de pharmacie publié en décembre 2009, soulignant la distinction importante entre le pharmacien référent et le pharmacien fournisseur, même si l’une et l’autre fonction peuvent se cumuler par ailleurs. Ainsi, outre une mission de maîtrise des dépenses pharmaceutiques, l’Académie recommande que le pharmacien référent tel que mentionné à l’article 38 de la loi HPST participe à la lutte contre l’iatrogénie médicamenteuse et veille au respect du bon usage du médicament.

À travers les trois témoignages suivants, nous comprenons mieux comment des pharmaciens référents œuvrent à une meilleure observance et ainsi, à une meilleure prise en charge des résidents.

•Raphaël Baillat, pharmacien adjoint à la pharmacie Martin-Pinel (Isère) - groupement Rhône vallée pharmacie :

« Ce sont les infirmières qui préparent les doses à administrer dans une salle dédiée, climatisée et non exposée au soleil. Après avoir recueilli leurs observations, le médecin coordinateur et moi-même, avons cherché à améliorer l’observance en travaillant notamment sur les formes galéniques. Nous avons ainsi adapté certaines prescriptions pour faciliter la prise de médicaments chez les résidents qui avaient des difficultés à avaler. Il s’agissait de remplacer un médicament en comprimé par son équivalent en gouttes buvables ou en patchs. Cela a en outre permis de s’affranchir du broyeur et des risques inhérents à son utilisation, tels que le mélange de poussières de différents médicaments ou l’altération des caractéristiques pharmacologiques du médicament causée par un broyage inapproprié ».

•Martin Muller, pharmacien titulaire de la pharmacie des thermes (Bas-Rhin) :

« Un contrôle mensuel du nombre de boîtes délivrées me permet de déduire d’éventuels défauts d’observance. En tant que pharmacien référent, j’ai également souligné l’importance de respecter les modalités de prises de certains médicaments, en particulier la nécessité d’associer ou non leur administration avec de la nourriture. Cependant, je pense que pour jouer un vrai rôle en terme d’observance, il faut que la préparation du semainier revienne au pharmacien ».

•Patrice Holveck, pharmacien titulaire de la pharmacie de Carriet (Gironde) :

« En tant que pharmacien référent, je pense qu’il est nécessaire de mettre en place un réel partenariat entre mon équipe et les autres acteurs de l’EHPAD, du médecin coordinateur aux membres de l’équipe soignante. Il n’est pas question d’imposer nos compétences et notre connaissance du médicament, mais de les mettre à leur service. Dans le domaine de l’observance, cela se concrétise, par exemple, par l’élaboration de fiches de posologie quotidienne et par la mise à jour régulière d’un dossier pharmacothérapeutique. Ce dernier permet, outre de renforcer l’observance, de faciliter le travail de la personne en charge de la distribution, en lui mentionnant les particularités à prendre en compte pour tel patient ou tel médicament. Autre atout, le dossier pharmaceutique ; il permet d’éviter une éventuelle superposition des prescriptions ou de détecter des incompatibilités. Plus généralement, nous pouvons aujourd’hui nous appuyer sur des systèmes informatiques adaptés aux PDA (Préparation des doses à administrer) pour garantir l’observance des traitements prescrits ».

 DAVID PAITRAUD

Source : Le Quotidien du Médecin: 8829