LA DÉMOGRAPHIE est une question qui concerne bien entendu au premier chef les jeunes radiologues… et qui les inquiète. Actuellement 39 % des radiologues ont plus de 55 ans et le nombre d’internes en radiologie qu’il est prévu de former dans les cinq ans à venir ne permettra pas de remplacer tous les départs à la retraite. Cette diminution annoncée du nombre de radiologues se conjugue avec une complexification de la spécialité. « D’année en année, les indications des examens augmentent, notamment dans le cadre de l’urgence, et les actes se complexifient. Par exemple, en IRM, de nouvelles séquences sont ajoutées. Le nombre de staffs multidisciplinaires et le besoin en relectures d’examens ne cessent de croître. Notre travail est donc plus consommateur de temps qu’autrefois. Les besoins en radiologues s’en trouvent majorés, d’autant que de plus en plus de centres reçoivent les urgences 24 heures sur 24 ; il faut donc y assurer une permanence des soins », souligne le Dr Nadya Pyatigorskaya. Le nombre de radiologues qu’il serait nécessaire de former doit donc atteindre les 1300, objectif exprimé auprès de l’Observatoire national de la démographie des professions de santé. Avec l’élargissement des modalités d’imagerie et l’ouverture de terrains de stage dans les structures privées, les capacités de formation sont suffisantes pour le permettre, une enquête réalisée par l’Union nationale des internes en radiologie (Unir) l’a parfaitement montré.
Le déficit d’IRM est également une préoccupation pour les jeunes radiologues qui, pour 92 % d’entre eux, d’après une enquête récemment menée par l’Unir, classent l’IRM parmi les activités qu’ils souhaitent pratiquer. « Le nombre insuffisant d’appareils d’IRM, constate Nadia Pyatigorskaya, conduit à des délais d’attente très importants, avec dans certains cas, une substitution de l’IRM par le scanner et, au total, à une perte de chance pour les patients ». Les jeunes radiologues ont à plusieurs reprises, par communiqué de presse ou dans le cadre de leur participation au comité d’Ile-de-France de l’Agence régionale de santé, pointé les problèmes que posent ce manque d’IRM et la nécessité d’en élargir le parc.
Un intérêt marqué pour l’interventionnel.
Dans l’enquête réalisée par l’Union, les jeunes internes ont également exprimé leur intérêt pour l’imagerie interventionnelle : 50 % disent vouloir conjuguer les deux types d’imagerie, interventionnelle et diagnostique, dans leur activité. « La valorisation de la radiologie interventionnelle en oncologie et en gynécologie nous paraît indispensable car elle permet une prise en charge mini-invasive qui a largement fait ses preuves et qui est encore amenée à se développer dans l’avenir, explique Nadya Pyatigorskaya. Cependant, l’insuffisance de la cotation des actes de radiologie interventionnelle thérapeutique décourage les cabinets, hôpitaux ou centres anticancéreux, à investir dans le plateau technique nécessaire. Parce que ces actes ne sont pas rentables à l’échelle d’un institut, on préférera une néphrectomie partielle à une simple radiofréquence ! Les jeunes radiologues défendent l’idée que la revalorisation des actes interventionnels permettrait notamment aux centres anticancéreux de développer ces techniques et conduirait à des économies de santé en réduisant dans certaines indications les complications et les durées d’hospitalisation et d’arrêt de travail. »
La coopération radiologues-manipulateurs fait actuellement l’objet d’une réflexion au sein d’une commission à laquelle participent les jeunes radiologues. « Nous sommes favorables au développement de cette coopération, encore insuffisante aujourd’hui, note Nadya Pyatigorskaya, car elle est un des moyens d’optimiser la prise en charge des patients ; elle pourrait également permettre aux manipulateurs d’avoir de nouvelles fonctions, notamment dans le domaine de la recherche » La réflexion qui est actuellement menée sur cette question porte sur ces nouveaux rôles des manipulateurs et sur la rédaction d’une charte définissant le cadre de leur coopération avec les radiologues.
Les jeunes radiologues ont engagé aussi une réflexion plus globale sur leur fonction, qu’ils ne veulent pas voir réduire à l’interprétation d’une image et la rédaction d’un compte rendu, leur place au sein des équipes, leur relation avec les patients, sur des questions également d’efficience, d’adaptabilité aux nouvelles techniques. Ils travaillent actuellement à l’élaboration d’une charte des radiologues.
Dans le cadre des 60es JFR, qui sont cette année les premières journées françaises de radiologie diagnostique et interventionnelle, deux journées de formation sont prévues pour les jeunes radiologues dont une en imagerie interventionnelle, théorique mais également pratique sur des simulateurs et des maquettes.
D’après un entretien avec le Dr Nadya Pyatigorskaya, présidente de l’union nationale des internes, chefs de clinique et assistants en radiologie.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature