Le président du CCNE veut accentuer le débat public sur les sujets de bioéthique

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Publié le 26/10/2019
Jean-François Delfraissy

Jean-François Delfraissy
Crédit photo : GARO/PHANIE

Après plus de deux ans de débat, entamé par les États Généraux, et qui devrait s’achever à l’Assemblée avant l’été prochain, le chapitre bioéthique devrait se refermer avec une nouvelle loi applicable pour les cinq ans à venir.

Ces deux ans de discussion ont mis une évidence en avant : les évolutions technologiques et la recherche, ces dernières années, progressent plus vite que jamais et rendent nécessaire de s’interroger plus fréquemment sur les sujets de bioéthique.

Aussi complexes que ces thématiques puissent paraître, le président du comité consultatif national d’éthique (CCNE), le Pr Jean-François Delfraissy, estime qu’il est indispensable que le citoyen participe au débat public. « Si tout ce processus nous a confortés dans quelque chose, c’est l’importance de ne pas avoir une réflexion de bioéthique uniquement intellectuelle. Elle doit être partagée avec les citoyens », a-t-il souligné lors des Contrepoints de la santé cette semaine. « Sur des sujets aussi complexes, ce temps de démocratie participative est essentiel », a-t-il ajouté.

Prolonger les États Généraux

Un sondage BVA* réalisé pour Les Contrepoints illustre combien ce temps de discussion est nécessaire pour permettre aux citoyens de mûrir leur réflexion sur des thèmes souvent complexes. Les Français restent notamment partagés sur un certain nombre de sujets. Par exemple, s’ils considèrent que c’est un progrès de faire naître des enfants sans maladie génétique (75 %), et sont favorables aux tests génétiques pour tous les couples « afin d’éviter de faire naître des enfants à risque » (74 %), ils considèrent en même temps que c’est de l’eugénisme (49 %). De la même manière s’ils sont intéressés par les tests de génomique prédictive (57 %) et sont convaincus de leur utilité pour la recherche médicale (76 %), ils craignent dans le même temps pour la sécurité de ces données (80 %) et à titre personnel, il préfère ne pas savoir plutôt que vivre en sachant qu’ils ont une maladie grave (54 %).

Face aux besoins d’acculturation et de démocratisation de la bioéthique, le CCNE et son président ont « décidé de s’engager », pour poursuivre pendant les cinq ans à venir cet effort de débat et de discussion. Le Pr Delfraissy souhaite en quelque sorte que les États Généraux de la bioéthique puissent devenir plus permanents.

Enquête réalisée par Internet du 16 au 17 octobre 2019 auprès de 1 000 Français âgés de 18 ans et plus. 


Source : lequotidiendumedecin.fr