« J’AIME MON MÉDECIN d’où qu’il vienne ! », proclame la pancarte brandie à quelques encablures du ministère de la Santé. Pour la petite centaine de médecins à diplôme étranger réunis à l’initiative du Syndicat national des praticiens diplômés hors de l’Union européenne (SNPADHUE), pas question d’accepter le sort qui leur est fait par la législation française et qui se résume, dans leurs cas bien particuliers, à un exercice qui deviendra irrégulier dès la fin de cette année.
En cause, les conditions d’intégration dans le système de soins français arrêtées en 2006 par (déjà) Xavier Bertrand. À l’époque, la date butoir de 2012 est fixée. C’est l’échéance des mesures transitoires permettant – via la procédure d’autorisation d’exercice (PAE), ouverte sous forme d’un examen auquel les candidats peuvent se soumettre trois fois – de régulariser le « stock » des médecins à diplôme étranger présents dans les hôpitaux avant 2004. Aujourd’hui, ceux qui ont épuisé leurs chances et cumulent 3 échecs (ils seraient autour de 500), mais aussi ceux qui n’ont plus que la PAE 2011 pour leur sauver la mise (un millier environ), se retrouvent dans l’impasse avec un grand sentiment d’injustice. Ainsi, cette jeune femme de nationalité française qui exerce depuis douze ans dans un grand hôpital parisien en tant qu’attachée associée se désole : « Je travaille comme n’importe qui dans mon service, j’ai fait des publications internationales, tout le monde me fait confiance. Mais à la fin de l’année, je devrais partir. Et si un médecin diplômé dans l’UE se présente pour prendre mon poste, il pourra le faire sans aucune formalité. » La PAE ? « Elle est inadaptée, répond-elle. Il n’y a pas de programme, ce qui rend la révision difficile. Et l’examen, qui ne prend pas en compte les titres et travaux, n’est pas fait pour des praticiens chevronnés. C’est hypocrite. »
Mercredi, parmi les manifestants, il y avait aussi des médecins arrivés en France après 2004 et qui, à ce titre, ne peuvent passer la PAE que sous forme d’un concours dont les places, c’est la loi, sont restreintes en nombre selon les besoins. Pour beaucoup d’entre eux (2 500 praticiens), cette formule s’est avérée mauvaise, souvent parce que le concours n’a pas été ouvert dans leur spécialité. Ils sont aujourd’hui dans l’incertitude.
La Confédération des praticiens des hôpitaux (CPH), l’Association des médecins urgentistes de France (AMUF) et la fédération santé de la CGT ont apporté leur soutien aux manifestants. Pour la CPH, l’enjeu est « de permettre à tous les praticiens en poste dans nos établissements et à même de justifier de compétences équivalentes à celles des diplômés de l’Union européenne d’accéder à une autorisation pérenne d’exercice ».
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