Des essais dans la migraine avec aura

Le soulagement par des stimulations magnétiques transcrâniennes

Publié le 05/03/2010
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SOULAGER une crise migraineuse, avec un traitement parfaitement toléré. L’idée est simple, difficile à mettre en œuvre, mais c’est ce à quoi est partiellement arrivée une équipe américaine grâce à des stimulations magnétiques transcrâniennes. Pour ce faire les chercheurs, et les patients donc, ont eu recours à un appareil portable, à pulsations uniques, baptisé sTMS (pour single pulse transcranial magnetic stimulation). Le résultat est encourageant.

Richard B. Lipton et coll. ont mis en place un essai randomisé en double aveugle avec des groupes parallèles dans 18 centres répartis sur les États-Unis. Le travail était réalisé avec en guise de placebo, un appareil identique, mais ne distribuant pas de signaux magnétiques.

Une première phase a permis d’enrôler 267 personnes, de 18 à 68 ans, répondant aux critères internationaux de la migraine avec aura. L’aura devait précéder au moins 30 % des migraines, suivies d’une céphalée modérée à sévère dans plus de 90 % des cas. La première phase a sélectionné, pour la phase 2, 201 patients capables de respecter le protocole. Parmi eux, 99 ont reçu le traitement placebo et 102 les vraies stimulations.

Une onde magnétique durant au total 1 ms.

Les patients appliquaient l’appareil (32,5 cm de long et 1,54 kg) juste sous l’occiput. Ils déclenchaient ensuite deux pulsations à 30 secondes d’intervalle. Il s’agit d’une onde magnétique de 0,9 T en pic, avec un temps de montée de 180 µs et durant au total 1 ms. Le traitement devait être appliqué le plus tôt possible dès le début de l’aura et toujours avant 60 minutes. Les patients avaient pour consigne de traiter jusqu’à 3 crises sur une période de trois mois. Il convient de préciser que si le traitement de fond de la migraine était autorisé, les médicaments visant à enrayer la crise étaient interdits.

Les résultats ont été obtenus sur un nombre plus restreint de patients, puisque 37 participants « n’ont pas joué le jeu ». Ainsi, 82 volontaires ont réalisé de vraies stimulations magnétiques et autant des traitements placebo. Le sTMS se montre supérieur à l’appareil factice. La disparition de la douleur, au bout de 2 heures, était constatée dans 39 % des cas (32/82) contre 22 % (18/82). Le gain thérapeutique est estimé à 17 %. Le bénéfice du traitement se maintenait lors des contrôles à 24 et 48 heures.

Une étude de non-infériorité a été également réalisée sur les signes d’accompagnement. De fait, le sTMS ne se montre pas inférieur sur les nausées, les photo- et phonophobies. Quant à des effets indésirables, vrais et faux appareils font jeu égal.

Reste à comprendre comment ces champs magnétiques peuvent agir. Des travaux antérieurs chez l’animal ont montré que, au cours de la migraine, une dépression s’étend au niveau cortical dépolarisant les nocicepteurs méningés et créant la céphalée. Les stimulations transcrâniennes brisent cette onde de dépolarisation. Depuis 1985, il est connu qu’une impulsion magnétique appliquée sur le crâne peut modifier le mode de décharge électrique des neurones. L’idée a donc été, dans cet essai, de vérifier cette théorie. Ici, le sTMS délivre un flux magnétique dans le cortex qui induit une onde de courant dans le sens inverse des aiguilles d’une montre pendant la pulsation de l’appareil.

Lancet Neurology, doi:10.1016/S1474-4422(10)70054-5.

 Dr GUY BENZADON

Source : Le Quotidien du Médecin: 8722