Évaluer le risque cardio-vasculaire

L’échelle de la brosse à dents

Publié le 31/05/2010
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C’EST PLUS qu’une confirmation qu’apporte une vaste étude menée en Écosse, c’est l’élargissement d’un concept relativement récent. Alors qu’il est connu depuis quelques années que les parodontopathies constituent un reflet du risque cardiovasculaire, trois chercheurs londoniens, ont étendu ce lien à la mauvaise hygiène dentaire. Ils fondent leur constat sur une enquête auprès de 4 830 individus, sélectionnés dans la Scottish Health Survey, une cohorte de près 12 000 hommes et femmes, de 50 ans en moyenne.

L’objectif de départ de Cesar de Oliveira, Richard Watt et Mark Hamer était d’établir un lien en l’assiduité au brossage dentaire, les maladies cardio-vasculaires et certains marqueurs de l’inflammation, la protéine C réactive, ou de la coagulation, le fibrinogène. La régularité de l’usage de la brosse à dents a pu être évaluée à partir des déclarations des participants.

Un surrisque cardiovasculaire de 70 %.

L’analyse a été faite sur des données combinées de 1995, 1998 et 2003. Elles ont été croisées avec les données hospitalières concernant les affections cardiovasculaires, jusqu’en 2007. Au total, 555 événements cardiovasculaires ont été enregistrés au cours des 8,1 ans de suivi moyen. Parmi eux 170 ont conduit au décès. La grande majorité de ces pathologies (74 %) était d’origine coronarienne. Le constat est sans appel : ceux qui se brossaient rarement ou jamais les dents avaient un surrisque cardiovasculaire de 70 %. De plus leurs taux de protéine C réactive et de fibrinogène étaient majorés.

Les données brutes ont été ajustées selon de multiples facteurs mais la relation a persisté. Il s’agissait de l’âge, du sexe, du statut socio-économique, du tabagisme, des consultations dentaires, de l’IMC, des antécédents cardiaques familiaux, de l’HTA et du diabète.

Il convient de préciser que l’hygiène bucco-dentaire est qualifiée de généralement bonne par les auteurs. En effet, 62 % des participants allaient au moins deux fois par an chez le dentiste et 71 % se brossaient les dents deux fois par jour.

Il reste à déterminer s’il existe une relation de cause à effet entre l’usage de la brosse à dents et le risque cardiovasculaire ou s’il ne s’agit que d’un simple marqueur du risque. L’inflammation chronique induite par la mauvaise hygiène dentaire, constatée biologiquement, pourrait faire le lien entre les deux faits. Les Britanniques en concluent que devant la forte prévalence des infections de la cavité buccale, les praticiens devraient se souvenir qu’elles constituent une source importante d’inflammation chronique.

British Medical Journal 2010 ; 340 : c2451.

 Dr GUY BENZADON

Source : Le Quotidien du Médecin: 8779