L’Académie nationale de médecine, de l’Académie des sciences, l’Académie nationale de Pharmacie et l’Académie vétérinaire de France ont réagi ce mardi à une Initiative citoyenne européenne (I.C.E.) demandant l’arrêt de toute expérimentation animale en Europe. L’initiative « stop vivisection » vise à interdire en Europe toute expérimentation animale et à abroger la directive européenne 2010/63 qui réglemente l’usage des animaux à des fins scientifiques. La pétition a déjà recueilli plus d’un million de signatures venant de 26 pays de l’Union européenne (UE).
Le statut d’initiative européenne permet à un million de citoyens de l’UE de participer directement à l’élaboration des politiques européennes, en invitant la Commission européenne à présenter une proposition législative. La Commission a un délai de trois mois pour y répondre.
Initiative citoyenne
« En fait, en 2011, les citoyens européens ont acquis la capacité de proposer des lois dans les domaines dans lesquels l’UE a compétence législative. Saisissant cette occasion, un groupe de scientifiques et de citoyens de différentes parties de l’Europe ont soumis à la Commission européenne une invitation à mettre à jour le domaine extrêmement important de la recherche biomédicale, dans le but de protéger la santé humaine, l’environnement et le bien-être animal », explique la pétition. Les auteurs de la pétition déclarent vouloir parvenir à un nouveau paradigme dans la recherche biomédicale et toxicologique.
Au grand dam des scientifiques qui s’inquiètent et appellent la commission à maintenir la réglementation actuelle qui allie la possibilité d’une utilisation des animaux à des fins scientifiques au maintien du respect de l’éthique visant la protection animale.
La directive 2010/63, rappellent-ils, « exige des chercheurs le respect de règles strictes en matière de protection et de bien-être animal ». Selon eux, des méthodes alternatives « sont utilisées dans tous les cas où il est scientifiquement possible d’y avoir recours ». Toutefois, indiquent-ils, ces méthodes ne permettent pas de remplacer tous les essais et recherches sur l’animal.
« Aucune méthode alternative connue ne permet de comprendre les interactions existant entre les organes ou de reproduire les différentes fonctions d’un même organe, précisent-ils. C’est la raison pour laquelle il est nécessaire d’avoir recours à l’animal dans son intégrité et sa complexité. » Et d’insister : « Renoncer actuellement à l’expérimentation animale serait consentir à renoncer au progrès en matière de santé de l’homme et de l’animal. »
Au service du progrès
Les académiciens tiennent aussi à indiquer que « les grands progrès en matière de médecine humaine ont été réalisés grâce à l’expérimentation animale et les progrès futurs sont conditionnés par ce type de recherche ». Croire à l’inutilité de l’expérimentation animale sous prétexte que les hommes et les animaux diffèrent physiologiquement « n’est pas exact », poursuivent-ils. Car si l’homme est différent de l’animal, « il existe une similitude presque parfaite entre les gènes d’une souris et ceux d’un humain », affirment-ils.
Selon eux une interdiction de l’expérimentation animale signerait l’arrêt des recherches en cours sur des maladies « aussi graves que le cancer, la maladie d’Alzheimer, la maladie de Parkinson, et beaucoup d’autres pathologies sources de souffrances humaines ».
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