Au Congrès de l’American Heart Association

Les cellules souches cardiaques testées dans l’IVG post-infarctus

Publié le 16/11/2011
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LES RÉSULTATS de l’étude d’investigation SCIPIO (cardiac Stem Cells In Patients with Ischemic cardiOmyopathy) multiplient par 4 les prévisions d’amélioration qui avaient été projetées lors de l’élaboration cette étude de phase I. L’équipe conduite par Roberto Bolli (Université de Louisville aux États-Unis) et par Piero Anversa (Boston) a réalisé le travail chez 16 patients présentant une insuffisance cardiaque dans les suites d’un infarctus du myocarde. La fraction d’éjection du ventricule gauche (FEVG) était égale ou inférieure à 40 % (la valeur normale est supérieure à 50 %).

Les investigateurs ont recueilli les cellules souches cardiaques positives pour la tyrosine kinase c-kit à la surface cellulaire (cellules c-kit+), une caractéristique des cellules souches adultes cardiaques. Le recueil a eu lieu au cours de l’intervention chirurgicale de pontage coronarien (à Louisville).

Les cellules ont été purifiées dans le laboratoire de Boston et mises en croissance. Il fallait avoir obtenu un nombre suffisant de cellules, aux alentours de 106. Une fois cette quantité atteinte, les cellules souches ont été réintroduites par voie intracoronaire au contact de la cicatrice myocardique consécutive à l’accident coronarien (équipe de Bolli à Louisville), en moyenne 113 jours après le pontage.

Lors de l’élaboration du protocole de l’étude, l’équipe des chercheurs avait analysé les données des études antérieures menées avec des cellules souches hématopoïétiques. Ces résultats avaient donné lieu à un calcul de projection d’amélioration de la FEVG de 4 à 5 % pour l’ensemble des patients.

Mais les résultats ont été plus importants que cela. Les observateurs rapportent une amélioration de 8,5 % de la FEVG à quatre mois après l’injection des cellules souches cardiaques autologues. L’amélioration est encore meilleure à un an, atteignant 12 % chez 8 patients (p = 0,0007).

Réduction de l’aire infarcie.

L’étude a comporté une évaluation par imagerie IRM, réalisée chez 7 patients. Ce qui montre une réduction de la taille de l’aire myocardique infarcie, de 24 % à quatre mois (p = 0,004) et de 30 % à un an (p= 0,04).

«Un résultat qui apparemment réfute une notion ancienne, selon laquelle les régions du myocarde sièges de l’infarctus sont perdues définitivement », note Gerd Heush dans un éditorial.

« Les résultats sont frappants », a poursuivi l’auteur principal lors de sa présentation au Congrès de l’American Heart Association (Orlando). « Nous ne sommes pas en mesure d’expliquer de quelle manière l’amélioration survient. Mais il est indubitable que la fraction d’éjection s’est accrue et que la surface myocardique cicatricielle s’est réduite. »

Piero Anversa (Boston), associé au travail, mène des recherches sur les cellules souches adultes cardiaques depuis les années 1990. Les cellules c-kit+ s’autorenouvellent et se clonent facilement ; elles sont multipotentes, se différenciant dans les trois principales lignées cardiaques : myocytes, cellules musculaires lisses vasculaires et cellules endothéliales. De nombreuses études chez l’animal ont montré que la transplantation de cellules souches cardiaques adultes sur des modèles d’insuffisance cardiaque post-infarctus atténue le remodelage ventriculaire gauche et améliore la fonction du VG. Ces résultats précliniques encourageants ont donc conduit à cette étude de phase I. Les bons résultats enregistrés dans l’étude SCIPIO, qui est la première étude de l’administration de cellules souches cardiaques adultes en clinique, vont permettre la mise en place d’études multicentriques de phase II.

Présentation au Congrès de l’AHA et publication dans The Lancet, en ligne le 14 novembre 2011. Doi : 10.1016/S0140-6736(11)61590-0.

 Dr BÉATRICE VUAILLE

Source : Le Quotidien du Médecin: 9042