La vidéo au théâtre n'est pas seulement un gadget. Ici avec le flamand Guy Cassiers, invité par la Comédie Française, elle donne à penser et à contourner l'obstacle. Comment en effet monter sur une scène de théâtre le livre monstre de Fiodor Dostoïevski, polyphonique et choral en le réduisant à un spectacle de 2 h 30 où se tissent histoire politique avec la réflexion autour du nihilisme, drames familiaux, conflits de générations, et folie ? En jouant avec les comédiens et la technique.. Ce qui donne un point de vue et secrète une interprétation, un sens au spectacle. Le plateau où joue la troupe du Français est en effet augmenté de trois écrans suspendus. Les acteurs ne jouent pas face à face. Mais grâce à la technique, à l'écran comme dans un montage en direct, ils donnent l'illusion du dialogue. Le regard du spectateur vagabonde ainsi entre le plateau et l'écran, basculant entre le vrai ou le mensonge, la réalité du plateau ou la fiction de l'écran. Autant de procédés qui renvoient à l'artifice d'une société qui explosera quelques décennies plus tard. À certains moments, on ne joue plus. Les écrans tombent lorsqu'il s'agit d'évoquer une société secrète qui bascule vers le terrorisme. Faut-il ajouter que la troupe se plie à l'exercice avec vélocité et immense talent ? Certes, les amoureux du livre ne retrouveront pas leurs « démons ». Manque aussi à cette version l'exploration de la folie, ici trop raisonnante, voire raisonnable. Mais ce spectacle en stimulant l'intelligence du spectateur s'impose d'emblée comme un classique.
Les Démons, Comédie-française, salle Richelieu jusqu'au 16 janvier 2022.
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