Les médecins scolaires craignent la disparition de leur spécialité

Publié le 30/03/2003
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C'est une première dans l'Education nationale. Toutes les organisations syndicales s'unissent pour une revendication commune : le retrait du projet de décentralisation du Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin. De même qu'elles ont boudé en bloc les réunions sur les modalités techniques du transfert aux départements organisées par le gouvernement. Et tous ceux qui se situent « à la périphérie du personnel de l'Education nationale », selon la définition de Michel Roger, conseiller pour l'Education nationale du Premier ministre, préparent la grève unitaire de jeudi. Un prélude à une manifestation nationale à Paris envisagée pour mi-mai, si aucune discussion n'est engagée d'ici là.

Avant la perte de leur statut, c'est leur retrait de l'équipe éducative qui tourmente les médecins scolaires. Leur inquiétude se fonde d'abord sur leur propre expérience. Avant 1991, ils dépendaient en effet du ministère de la Santé. « Nous étions considérés comme des prestataires de service », raconte le Dr Marie-Lucie Gosselin, secrétaire générale du SNMSU (Syndicat national des médecins scolaires et universitaires). « On ne participait pas du tout aux réunions de l'équipe éducative. » Les médecins relèvent au passage l'incohérence d'une politique de santé qui prévoit que les infirmières scolaires restent, elles, au sein de l'Education nationale. « Elles auront certaines missions et nous d'autres, pas forcément convergentes », déplore le Dr Marie-Lucie Basalo, secrétaire générale du SNAMPSEN-UCMSF (Syndicat national des médecins de santé publique de l'Education nationale). Autre sujet de mécontentement : les bilans de santé réalisés auprès des enfants lors de leur entrée à l'école. Ils sont assurés par les médecins des PMI (protection maternelle et infantile), et varient dans les faits d'un département à l'autre.

Quid des vacataires ?

« Les conseils généraux ignorent totalement notre travail et n'ont pour l'instant aucun projet en matière de santé scolaire à nous présenter. La santé scolaire est un outil spécifique à la France. Ce serait tellement dommage qu'il devienne peau de chagrin ».
Depuis qu'ils sont sous la tutelle de l'Education nationale, c'est-à-dire depuis 1991, les médecins scolaires suivent une « formation lourde » (24 semaines de cours à l'Ecole de santé publique et 19 semaines de stages pratiques). Les médecins territoriaux (chargés de la PMI, des personnes âgées...) suivent pour leur part quatre semaines seulement de cours théoriques et une seule en santé publique.
« Si notre formation spécifique disparaît, notre fonction disparaît. Et donc notre spécialité », conclut le Dr Gosselin.
Un autre sujet d'anxiété des médecins scolaires concerne les vacataires, qui assurent près de 40 % de l'activité. Leur sort, comme celui des secrétaires de santé scolaire, n'a été abordé à aucun moment. « Cela veut dire qu'aujourd'hui un collègue sur deux se demande s'il aura encore du travail au 1er janvier 2004. »

Audrey BUSSIERE

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7305