Bon point pour l’exercice, des tensions avec les gestionnaires

Les néphrologues s’auscultent

Publié le 22/11/2010
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Crédit photo : S Toubon

UN SONDAGE CSA (1) auprès de 202 néphrologues issus des secteurs privé, public ou associatif dessine le visage d’une profession plutôt satisfaite de son exercice mais dont les relations avec les gestionnaires et les organismes de tutelle sont parfois tendues, et qui s’inquiète de l’accroissement de sa charge administrative.

Selon cette étude réalisée pour le Syndicat des néphrologues libéraux (SNL), 93 % des médecins de cette spécialité sont plutôt ou très satisfaits d’exercer leur métier. Dans le détail, les moyens à disposition des néphrologues satisfont une majorité de praticiens (74 %), l’appréciation étant plus mitigée quant aux moyens humains (61 % seulement). Le manque de moyens est davantage ressenti par les médecins exerçant en centre public.

Quelle perception les néphrologues ont-ils de l’évolution récente de leurs conditions de travail ? Si la qualité a été préservée aux yeux d’une très grande majorité de spécialistes interrogés, la profession a le sentiment d’une dégradation en ce qui concerne les charge des tâches administratives (75 %), les conditions d’exercice (47 %) et les relations entre les médecins et l’équipe de direction de l’établissement (38 %). Là encore, le ressenti négatif est plus marqué dans le secteur public.

L’enquête s’est penchée sur l’implication des néphrologues dans les orientations de l’établissement et sur la gouvernance. Sur ce sujet, le bât blesse parfois. Tous exercices confondus, environ 30 % des néphrologues ne sont pas associés à la réflexion (et encore moins aux décisions) concernant le développement du secteur de la dialyse au sein de leur établissement, près de 40 % ne sont pas consultés sur le projet médical. Autre curiosité : si la majorité des néphrologues participent aux choix de matériels et produits nécessaires à la dialyse (dialyseurs, générateurs de dialyse, EPO), c’est loin d’être systématique puisque un quart à un tiers de ces médecins ne sont pas associés à ces choix (jugés pourtant très importants par 95 % d’entre eux).

L’étude analyse également la qualité (ressentie) des relations professionnelles des néphrologues. Si les praticiens se montrent très largement satisfaits des rapports avec leurs patients (96 %) et avec l’équipe soignante (97 %), ils sont beaucoup plus réservés s’agissant des liens avec les gestionnaires d’établissement (54 % de satisfaits, 38 % de mécontents) et avec les organismes de tutelle – Sécurité sociale, caisses primaires, agences régionales (un praticien sur deux satisfait). « Cela traduit une certaine tension et un malaise exprimé particulièrement dans les établissements publics », analyse le Dr Jean-Paul Ortiz, président du Syndicat des néphrologues libéraux (SNL).

Les néphrologues libéraux sont-ils... prêts au salariat ? a interrogé l’étude. La réponse est un peu moins tranchée que prévu. Si la majorité reste défavorable à cette évolution (dont 25 % de façon catégorique), un tiers des néphrologues sont ouverts à cette hypothèse (25 % probablement, 8 % certainement).

(1) Enquête réalisée par téléphone (été 2009) auprès de 202 néphrologues (100 exerçant en centre privé, 52 en centre public et 50 en centre associatif). En 2009, la France comptait 1 218 néphrologues (dont 300 libéraux).

 CYRILLE DUPUIS

Source : Le Quotidien du Médecin: 8860