Projet de loi sur la consommation

Les ophtalmologistes voient de très mauvais signaux pour la santé oculaire

Publié le 16/12/2013
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LES DÉPUTÉS reprennent ce lundi leur délicate discussion sur plusieurs mesures du projet de loi consommation qui risquent de bouleverser le marché de l’optique mais aussi les règles de prescription et de vente de lunettes et de lentilles.

Présentée par le gouvernement comme un moyen de faire baisser les prix de l’optique mais aussi de réduire les délais d’attente en ophtalmologie, la loi facilite tout en l’encadrant la vente en ligne de lentilles et de verres correcteurs. La semaine dernière, les députés socialistes ont déposé un amendement controversé censé faciliter l’achat de lunettes sur internet. Les 5 000 ophtalmologistes auraient ainsi l’obligation d’indiquer sur leurs prescriptions médicales de verres correcteurs la valeur de l’écart pupillaire du patient. Cette mention « facilitera l’achat de verres correcteurs auprès des opticiens en ligne, favorisant la baisse des dépenses des Français en matière de produits d’optique, aujourd’hui deux fois plus élevées que nos voisins européens », lit-on dans l’exposé des motifs de l’article.

Ayrault sollicité pour un arbitrage.

Le texte propose également de relever la durée de validité de prescription pour des lunettes de vue de trois à cinq ans. De plus, seule l’obligation de prescription médicale pour la délivrance de verres est inscrite dans le marbre. La loi casse par ailleurs le monopole des opticiens en ouvrant à la libre concurrence la vente de produits d’entretien ou d’application pour lentilles.

Face à ces évolutions jugées très préoccupantes pour la santé oculaire, le Syndicat national des ophtalmologistes de France (SNOF) demande aujourd’hui à Jean-Marc Ayrault « d’arbitrer en urgence entre la libéralisation du marché de l’optique et la protection de la santé des Français » et sollicite un rendez-vous. « Tous ces amendements sont de très mauvais signaux envoyés aux ophtalmologistes, analyse le Dr Jean-Bernard Rottier, président du syndicat. L’écart pupillaire est une mesure pour opticien, sans aucun intérêt médical. Et la délivrance de lentilles sans ordonnance, que semble acter par défaut la loi, nous fait craindre une recrudescence d’abcès de cornée, spécialement chez les jeunes patients, cible privilégiée par la vente en ligne ». Quant à la perspective de l’allongement de la durée de validité des prescriptions délivrant des lunettes de vue, elle est vécue par le SNOF comme le signal de l’abandon par l’État de la délégation de tâches médicalisées vers les orthoptistes.

A.B.-I.
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Source : Le Quotidien du Médecin: 9289