LES SENIORS ne dorment pas si mal. C’est l’une des principales conclusions de l’enquête « Quand le sommeil prend de l’âge »* menée par l’INSV en partenariat avec la MGEN. De fait, les plus de 50 ans dorment, en moyenne, 7 h 13 (par 24 heures) durant la semaine et 7 h 30 le week-end. Soit, légèrement plus que les 18-55 ans, dont la durée moyenne de sommeil est de 6 h 58 la semaine et 7 h 50, le week-end**. La dette de sommeil des seniors est donc moins marquée : ils dorment davantage durant la semaine et ont un besoin de récupération moindre le week-end.
Les trois-quarts des personnes âgées affirment être satisfaites de leur quantité de sommeil. Et 42 % ont renoué avec la sieste, 3 à 6 fois par semaine, selon leur âge. Ce retour à la sieste s’accompagne d’une modification de sa durée. « Relativement courte chez les personnes de 50-60 ans (souvent moins de 20 minutes), elle s’allonge progressivement jusqu’à une heure et plus, au-delà de 80 ans. Ce qui entraîne des problèmes d’endormissement. Par ailleurs, une des caractéristiques du sommeil des personnes âgées est de se réveiller pendant la nuit », souligne le Pr Damien Léger, président du conseil scientifique de l’INSV.
Ainsi, le tableau n’est pas tout rose. Les seniors rapportent également des difficultés qui peuvent être sévères : 72 % se plaignent d’insomnies, de cauchemars agités et de rêves intenses (38 %), du décalage des horaires de leur sommeil (35 %), du syndrome d’apnée du sommeil (21 %) et des jambes sans repos (18 %). Encore aujourd’hui, plus de la moitié des seniors qui dorment mal prennent des somnifères.
Somnolence.
Les deux tiers des personnes âgées interrogées sont considérés comme somnolentes. Un trouble qui peut être le signe d’un manque de stimulation dans la journée et dont les conséquences sur l’altération de la mémoire sont notables. En outre, cause ou conséquence, en présence de pathologies associées (maladies du dos, diabète, hypertension artérielle, cancers…), le sommeil tend à se réduire (moins de 6 à 7 heures). « Plus les personnes âgées ont de maladies, moins elles dorment. De même, plus la qualité de leur sommeil est mauvaise, plus elles souffrent de maladies et de dépendances », note le Pr Léger.
À l’inverse, l’excès de sommeil provoque aussi certains troubles. D’après les spécialistes, une augmentation du temps de sommeil chez les seniors (plus de 9 heures et des siestes longues) peut être le signe d’une possible altération des fonctions mnésiques et cognitives.
Par ailleurs, le temps passé à l’extérieur, à la lumière du jour, diminue avec l’âge et s’accompagne d’une augmentation de la durée du sommeil : 23,5 % des personnes atteintes d’insomnies passent moins d’une heure à la lumière du jour. « Or, cette lumière joue un rôle important : elle régule notre horloge biologique nécessaire à l’identification correcte de l’alternance jour-nuit », indique le Pr Damien Léger.
Les retraités interrogés affirment avoir trouvé leur rythme de sommeil et cela, sans modifier pour autant leur temps de sommeil.
Enfin, l’INSV s’est intéressé à 10 centenaires à domicile par le biais de son enquête et à 8 centenaires vivant en institution suivis par un actimètre (capteur placé au poignet qui détecte les mouvements). S’ils n’échappent pas aux troubles du sommeil, dormir reste pour eux une priorité : 8 centenaires sur 10 dorment autant qu’ils le souhaitent. Soit, en moyenne, 9 h 49 par jour la semaine et 10 heures le week-end.
* Cette enquête a été réalisée par l’institut BVA, par téléphone en janvier 2010, auprès de 1017 personnes âgées de 50 ans et plus (méthode des quotas).
** Source : enquête INSV, « Sommeil et rythme de vie », 2009.
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