Lettre à mon agent comptable

Monsieur l’Agent Comptable,

Je vous remercie de votre courrier du 13 mars 2015, dans lequel vous me rappelez mes obligations, et notamment une somme de 23 euros de trop perçus en me précisant que sans règlement de ma part sous quinzaine, je serai menacé d’une procédure qui occasionnera des frais supplémentaires, à ma charge.

N’ayant pas envie de passer au 20 heures, menotté et entouré de fonctionnaires de police, je vous adresse ci-joint un chèque du montant correspondant à votre demande.

Je me permets de vous joindre la liste des impayés dus par votre caisse à ma comptabilité, s’élevant à la somme de 2 305,04 euros (je précise qu’il s’agit uniquement de votre caisse, car pour votre information, l’ensemble des caisses me doivent à ce jour 5 954,38 euros).

Il va sans dire que je vous retourne votre menace de procédure, si le règlement total ne me parvient pas dans les mêmes délais que ceux que vous m’imposez. Par ailleurs, je vous prie de m’épargner les circonstances de surcharge de travail que vous occasionne la gestion des feuilles de soins papiers.

Mais bien sûr, si vous vous êtes acquitté de cette dette, correspondant à des actes effectués pour certains en 2013, je vous prie d’excuser la tournure de ce courrier, volontiers humoristique, car j’ose espérer que le ton employé dans le vôtre l’était.

Je vous prie d’agréer, Monsieur l’Agent Comptable, l’expression de mes salutations.

Monsieur le Directeur,

Comme vous le savez, nombre de médecins du département sont engagés dans un mouvement de protestation vis-à-vis du projet de loi « santé » préparé par notre ministre de tutelle. Cette opposition se traduit par une grève dite administrative conduisant à ne plus transmettre de feuilles de soins électroniques, entre autres. Si la gêne occasionnée aux patients est réelle, elle est bien moindre que celle occasionnée par les mouvements de protestation d’autres catégories socio-professionnelles.

Madame la Ministre a décidé de prouver à la nation l’étendue de son entêtement et minimise la portée de ce mouvement et son impact sur les délais de remboursement, lequel traduirait son succès.

La convention médicale impose aux médecins d’utiliser des formulaires CERFA que la caisse a l’obligation de leur fournir dans certains délais. Or, depuis le début de ce mouvement, votre caisse se livre à une stratégie d’obstruction systématique, dans le but de dresser les assurés contre leurs médecins. Vous ne livrez plus les professionnels en feuilles de soins qu’au compte-gouttes, et refusez les photocopies recto-verso couleur dont la qualité est pourtant très convenable. Un courrier adressé aux patients met en cause le médecin qui aurait établi « un imprimé non conforme ».

J’ai récemment contacté le service de votre CPAM dédié aux « relations avec les professionnels de santé », lui exposant mon impossibilité à assurer la visite à domicile de mes patients âgés, du fait de la carence de la CPAM.

J’ai en effet commandé le 7 janvier 2015 sur le portail « espace pro » 1 000 feuilles (d’autres commandes ont suivi depuis), commande qui n’a toujours pas été honorée. A-t-elle seulement été validée, il est impossible de le savoir, il avait fallu près de trois semaines, m’a-t-on dit, pour valider une commande antérieure !

Les délais d’approvisionnement actuels seraient de 6 semaines du fait d’un afflux de demandes mettant l’imprimeur en difficulté pour tenir ses délais ! Ceci a au moins le mérite de nous rassurer sur le suivi de ce mouvement, malgré la communication officielle volontairement mensongère à ce sujet.

Nous sommes aujourd’hui à près de 10 semaines depuis ma commande… Votre service m’a précisé que consigne avait été donnée de « prioriser » l’approvisionnement des médecins non engagés dans ce mouvement de protestation ! Chacun appréciera…

Interrogé par courrier par le président départemental de la CSMF, vous vous êtes contenté d’une communication téléphonique informelle l’assurant de votre absence de mauvaise volonté. Or, depuis cette réponse, vos services continuent à retourner aux assurés leurs feuilles de soins photocopiées. Vos subordonnés appliquent-ils vos consignes ? Prennent-ils des initiatives individuelles ? Qui dirige la CPAM de Nantes ?

DE QUI VOUS MOQUEZ VOUS ?

Des médecins, sans aucun doute, dont vous cherchez à ternir l’image.

Des patients, certainement aussi, auxquels vous imposez des tracasseries supplémentaires aux frais (postaux entre autres) de la collectivité.

Votre récente réponse ne saurait suffire, Monsieur le Directeur, à apaiser l’exaspération grandissante des médecins de terrain, merci donc de nous faire part, par un moyen plus opposable que des paroles, de votre intention de mettre un terme à cette situation qui vous déshonore.