« L’aventure de la télécardiologie a débuté avec l’apparition de stimulateurs et de défibrillateurs implantables capables de transmettre automatiquement des données (statistiques, pourcentage de stimulation, mesures d'impédance de sondes…) par l’intermédiaire d’un boîtier de télétransmission branché chez le patient », explique la Dr Françoise Hidden-Lucet. Les transmissions se font à intervalle fixe, et davantage en cas d'alerte, c'est-à-dire soit lorsque des paramètres de fonctionnement anormaux sont dépistés (usure de batterie par exemple), soit lorsque des troubles du rythme sont détectés. « Une alerte constructeur arrive alors sur un site, ce dernier est consultable par les cardiologues de l'hôpital par le biais de codes. Ainsi, nous pouvons suivre nos patients de façon périodique et sommes alertés immédiatement en cas d'anomalie », précise la Dr Hidden-Lucet.
Pour bénéficier de la télécardiologie, le patient signe un contrat avec le centre qui le suit. Il s’engage à fournir un numéro de téléphone afin de pouvoir être appelé par un professionnel de santé en cas d’anomalies détectées ; à signaler s'il déménage, il doit s'assurer que son télétransmetteur est bien branché. « La gestion à distance des données de nos patients nécessite une organisation extrême. Actuellement, à la Pitié-Salpêtrière, plus de 800 défibrillateurs sont ainsi télésurveillés. La direction nous a fourni un demi-poste d'infirmière ce qui est le minimum pour pouvoir gérer cette nouvelle activité. Nous nous engageons à suivre les paramètres des patients tous les jours ouvrables, mais il n’est pas rare que nous consultions également les sites les week-end car un orage rythmique peut survenir à n'importe quel moment », assure la Dr Hidden-Lucet.
Les preuves de l'intérêt de la télésurveillance
Il est aujourd'hui prouvé que la télésurveillance des prothèses cardiaques réduit les chocs inappropriés des défibrillateurs en dépistant précocement des signaux parasites sur les sondes en voie de fracture, ou des troubles du rythme auriculaire rapides. « Cela prolonge la durée de vie des batteries du défibrillateur : un choc de défibrillateur équivaut à un mois de durée de vie de batterie. Cela nous permet aussi de prendre en charge les orages rythmiques de façon plus précoce. Quand un patient présente des tachycardies ventriculaires répétées, nous devons le faire venir à l'hôpital pour le traiter autrement que par son défibrillateur », note la Dr Hidden-Lucet. La télésurveillance permet également le diagnostic précoce de la fibrillation atriale et pourrait permettre la réduction des AVC chez les patients pouvant être traités de façon précoce par anticoagulants.
Deuxième type de rythmologie connectée : la Life Vest est un système temporaire de défibrillation externe, mis à des patients chez qui l’indication d’implantation de défibrillateur se discute (patients venant de faire un infarctus par exemple) ou qui sont en attente de ré-appareillage après une infection de matériel. La Life Vest comprend des électrodes permettant d'enregistrer l'activité électrique cardiaque ainsi que des plaques qui libèrent du gel et choquent le patient lorsque celui-ci présente une fibrillation ventriculaire. « Enfin, le système connecté par smartphone ALIVE COR est une coque pour smartphone qui permet d'enregistrer un électrocardiogramme monopiste de grande qualité, Nous nous en servons, notamment, pour dépister les troubles du rythme chez nos patients », conclut la Dr Hidden-Lucet.
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