L'ibuprofène pendant la grossesse est associé à un risque de malformations testiculaires

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Publié le 10/03/2017
ibuprofene

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Crédit photo : S. Toubon

Voilà un nouvel argument renforçant l'interdiction de la prise d'ibuprofène par les femmes enceintes. Une équipe de chercheurs de l'Institut de recherche en santé, environnement et travail (Irset) a publié ce vendredi dans « Scientific Report » une étude dans laquelle ils montrent que cet anti-inflammatoire non stéroïdien est susceptible d’entraîner des perturbations du système hormonal dans le testicule fœtal humain avec des conséquences éventuelles sur le développement du tractus urogénital masculin.

Des effets hormonaux testiculaires

Pour parvenir à ces conclusions, les chercheurs ont exposé ex vivo des testicules fœtaux, âgés de 7 à 17 semaines, à des doses d'ibuprofène. Ils ont observé que l'ibuprofène diminue la production d’hormones INSL3 produites par les cellules de Leydig des testicules fœtaux ayant un âge gestationnel compris entre 8 et 9 semaines. Ils notent aussi une réduction de l'expression des enzymes de la voie stéroïdogénique CYP11A1, CYP17A1 et HSD17B3. La production de testostérone n'était en revanche pas altérée chez les fœtus de moins de 8 semaines et chez ceux de plus de 10 à 12 semaines.

L'ibuprofène affecte aussi les cellules de Sertoli en supprimant la production d'hormone antimüllérienne, ainsi que l'expression des gènes SOX9, DHH, et COL2A1, tous impliqués dans la différenciation des tissus testiculaires. Les auteurs précisent que les doses employées sont cohérentes avec les concentrations auxquelles est exposé le fœtus en cas de prise d'ibuprofène par la mère.

Plus d'un quart de femmes enceintes concernées

On estime que 28 % des Françaises consomment de l'ibuprofène au cours de leur grossesse. Un taux qui inquiète l'agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Les recherches épidémiologiques menées ces dernières années ont montré une association entre la prise d’antalgiques pendant la grossesse et la survenue d'effets indésirables chez l'enfant : petit poids de naissance, asthme, ou prématurité.

D'autres recherches combinant épidémiologie, expérimentation in utero chez le rat et ex vivo sur des organes de rat et humains, entreprises au sein de l’Irset ont montré que le paracétamol et l'aspirine pouvaient perturber le système endocrinien testiculaire fœtal avec comme conséquence une augmentation du risque de non-descente des testicules (cryptorchidie). Seuls les effets de l'ibuprofène n'avaient pas encore été testés.


Source : lequotidiendumedecin.fr