Détection précoce de la polyarthrite rhumatoïde

L'importance du dosage des anticorps anti-peptides/protéines citrullinés

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Publié le 20/12/2018
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La polyarthrite rhumatoïde (PR) représente la maladie rhumatismale inflammatoire la plus fréquente au sein de la population. Le diagnostic et la prise en charge précoce de cette maladie sont des facteurs déterminants pour le pronostic. Outre l’anamnèse, l’examen clinique et les examens d’imagerie médicale, les analyses sérologiques constituent le troisième pilier du diagnostic de la PR.

Le facteur rhumatoïde (FR) a pendant longtemps été le marqueur principal de cette pathologie. Ces dernières années, outre la mise en évidence du FR, le dosage des anticorps anti-peptides/protéines citrullinés (ACPA) a été établi comme une composante fixe des analyses de laboratoire, car c'est un marqueur très spécifique de la PR.

Les ACPA reconnaissent des protéines du soi ayant subi une « citrullination », transformation d’une arginine en citrulline, processus physiologique qui se déclenche sous l’action d’enzymes peptidylarginines déiminases, d’origine endogène et exogène.

Au sein des PR, ces anticorps sont notamment retrouvés chez les patients des groupes HLA classiquement associés à la PR : DR4 et DR1.

Détection précoce et différenciation de la PR

Les ACPA sont, ainsi, présents chez la majorité des patients atteints de PR. Ils présentent une spécificité élevée pour cette maladie et peuvent souvent être mis en évidence dans le sérum des patients avant les manifestations cliniques de la PR. Ainsi, le dosage de ces anticorps est essentiel dans la détection précoce et dans la différenciation de la PR.

« Face à un patient ayant une synovite chronique (après en avoir éliminé les principales causes, notamment infectieuses) une PR ou une monoarthrite rhumatoïde débutantes, de type inflammatoire, peuvent être suspectées. Pour les caractériser, nous utilisons le facteur rhumatoïde (FR) mais aussi, le dosage des anti-peptides/protéines citrullinés. Ces anticorps ciblent des protéines majeures dans la pathogénie de la PR, que l'on retrouve dans le poumon et dans la synoviale. Ces protéines sont présentes, de façon très précoce, dans la PR et, probablement, avant le développement des symptômes cliniques », explique le Dr Bertrand Moura, rhumatologue à Paris, consultant au CHU Ambroise Paré.

Clarifier l'arthrite débutante

Les formes de PR débutante sont ainsi classées en formes citrullinées positives et en formes citrullinées négatives. « Les PR séropositives sont les formes les plus inflammatoires, à fort potentiel érosif et destructif », note le Dr Moura. Pour clarifier toute arthrite débutante - encore inexpliquée qui dure depuis plus de 6 semaines- qu’il s’agisse d’une monoarthrite, d’une oligoarthrite ou d’une polyarthrite, il est donc pertinent de réaliser le dosage des ACPA. « Ce test permet d'effectuer le diagnostic précis de la PR. Il met en évidence une forme plus inflammatoire et active de la PR, souvent associée à la sévérité de la maladie. Il incite fortement à proposer un traitement de fond de la PR », conclut le Dr Moura.

 

 

 

Hélia Hakimi-Prévot

Source : Le Quotidien du médecin: 9712