L’indéboulonnable Maudrux rempile à la tête de la CARMF pour 18 mois, sauf si le ministère le vire

Publié le 14/09/2015

Crédit photo : S. Toubon

Le coup de théâtre n’était pas à exclure, il s’est produit ! L’emblématique et très populaire Dr Gérard Maudrux, pourtant poussé hors de la CARMF par un décret ministériel, qui l’empêchait en théorie de postuler à un nouveau mandat, a été réélu triomphalement samedi à la tête de la caisse de retraite des médecins, à l’issue d’un conseil d’administration en forme de pied de nez à la tutelle ministérielle. Que s’est-il passé ?

Transition

Le Dr Maudrux, auquel « le Quotidien » vient de consacrer un portrait détaillé, ne s’est pas présenté mais il n’y avait aucun autre candidat pour prendre les manettes de la CARMF, « ni parmi ses soutiens ni parmi ses adversaires », ont rapporté au « Quotidien » plusieurs membres du conseil d’administration.

Le vote a donc eu lieu et le nom du Dr Maudrux, qui vient de remporter largement les élections des délégués à la CARMF, a été inscrit sur une énorme majorité de bulletins – 24 sur 28 –, avec quelques bulletins blancs et l’un portant le nom de Marisol Touraine !

Faisant fi du risque juridique, le chirurgien urologue retraité a donc accepté ce « plébiscite » mais à la condition expresse de ne rester que 18 mois (au lieu de trois ans) dans le cadre d’un mandat de transition permettant donc de passer la main au bout d’un an et demi. Dans cette hypothèse, la succession serait ensuite assurée par le Dr Thierry Lardenois, médecin généraliste en Moselle, élu samedi premier vice-président...

Siège éjectable, mais pilote pas éjecté

Reste une question : le Dr Maudrux peut-il légalement rester à son poste ? « J’étais sur un siège éjectable mais je ne suis pas encore éjecté », ironise dans une pirouette le Dr Maudrux, joint ce lundi par « le Quotidien ».

S’il ne tire nulle fierté de cet épisode rocambolesque, sa réélection surprise place cependant le ministère de la Santé (et en particulier la Direction de la Sécurité sociale – DSS) dans un immense embarras. En effet, le fameux décret limitant à trois le nombre total de mandats des présidents de caisse ne prévoit pas formellement de rétroactivité. Selon le Dr Maudrux, lorsque ce décret a été publié cet été, il était donc dans son premier mandat. Il juge avoir de « solides arguments juridiques » [le principe de non rétroactivité de la loi] pour rempiler et organiser cette transition de 18 mois « permettant de respecter la démocratie ».

« C’est une grande victoire de la défense de la médecine libérale et de l’intérêt des médecins », s’enflamme un administrateur conquis, soutien de la première heure, qui reconnaît toutefois le « risque juridique ».

Soulagé de partir mais pas tout de suite...

La mission nationale de contrôle (DSS) aura dix jours pour se prononcer sur le relevé de décisions du nouveau conseil d’administration de la CARMF. « Nous verrons comment la tutelle interprète les choses. Je préfère être viré par ces gens-là plutôt que par les urnes », assure, profil bas, le Dr Maudrux qui se dit prêt néanmoins à de nouveaux recours en Conseil d’État si son élection n’est pas entérinée par le ministère...

« Je serai soulagé le jour où je partirai », jure celui qui vient de repartir pour un petit tour à la tête de la CARMF !

Cyrille Dupuis

Source : lequotidiendumedecin.fr