Allaitement maternel

L’information porte ses fruits, en matière de santé des nourrissons aussi et surtout

Publié le 17/12/2015
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Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

Ce sont logiquement les premiers mois de vie qui ont été les premiers « décortiqués » à la lumière de ce programme original initié en 2011. Première constatation, la tendance à l’augmentation de l’initiation de l’allaitement maternel : 59 % des mères allaitent exclusivement au sein, 11 % supplémentaires donnant un biberon en complément.

Les facteurs associés à ce regain de faveur pour l’allaitement maternel ? La mixité sociale d’abord, les femmes nées à l’étranger allaitant plus souvent au sein. Les mères qui ont suivi des cours de préparation à l’accouchement, qui ne fument pas, et/ou appartenant à un milieu socio-économique défavorisé allaitent aussi davantage. Comme celles dont le compagnon est présent à la naissance, plus encore s’ils sont mariés. Les visites à domicile des sages-femmes encouragent à l’évidence la poursuite de l’allaitement maternel. Et le Dr Marie-Aline Charles, médecin épidémiologiste (Villejuif) et directrice de l’unité mixte INED-INSERM ELFE, de proposer, pour donner toutes ses chances à l’allaitement maternel, que soient impliqués plus encore les pères et les femmes incitées à participer aux séances de préparation à l’accouchement. Les taux d’allaitement au sein (exclusif ou non) sont plus élevés en Ile-de-France, Régions Rhône-Alpes et PACA et le Sud-Ouest (à 70 %) ; Les femmes sont moins adeptes (à moins de 60 %) en Bretagne, Picardie ou Nord-Pas-de-Calais.

Des effets positifs mesurés

Initier l’allaitement maternel est bien, le poursuivre est mieux, des bénéfices qui iraient bien au-delà du développement physique et mental, selon une étude brésilienne publiée dans « The Lancet ». Les effets positifs du lien mère-enfant perdure à l’âge adulte, se traduisant par un plus haut niveau d’éducation et des revenus en rapport… Et ce, indépendamment du biais relatif au niveau socio-économique de la mère puisqu’ici, au Brésil, le fait de donner le sein n’est pas réservé à certaines classes sociales, mais également réparti. L’analyse a par ailleurs pris en compte dix facteurs confondants dont les revenus familiaux, le tabagisme pendant la grossesse, l’IMC maternel ou le poids de naissance. Les nourrisson allaités pendant un an ou plus ont un test de QI plus élevé de 4 points, ont étudié une année supplémentaire et gagnent plus de 100 euros par mois de plus versus les enfants allaités moins de un mois. « Une association positive entre durée d’allaitement et QI, niveau d’études et revenus qui pourrait être médiée par les acides gras saturés à longues chaînes véhiculés par le lait maternel », avance l’épidémiologiste qui dirige ce travail de recherche, le Dr Bernardo Lessa Horta (Pelotas).

* Claire Kersuzan et al, INRA. Prévalence de l’allaitement à la maternité selon les caractéristiques des parents et les conditions de l’accouchement. Résultats de l’enquête Elfe maternité, France métropolitaine, 2011. BEH 7 octobre 2014; 27 ; The Lancet, en ligne le 17 mars 2015
Dr Brigitte Blond

Source : Le Quotidien du Médecin: 9459