Où se nichent les fêlures ? A-t-il des ennemis ? Cet homme si délicieusement affable (pléonasme !) a-t-il des grosses colères ? Le matin où on l’a rencontré dans ce bureau encore impersonnel à la HAS, Lionel Collet incarnait à la perfection cette vertu commune comme la célèbre Carlo Ossola qui la décrit « comme l’aimable vertu du Siècle des lumières ». Le nouveau président de la Haute Autorité de santé, nommé le 19 avril dernier par Emmanuel Macron, s’est sans nul doute égaré dans notre époque, où la valeur se mesure au nombre de clashs sur les réseaux sociaux. C’est plutôt un enfant du XXe siècle, né en 1954 celui des Trente Glorieuses, où certes l’égalité était inscrite au fronton des mairies, à condition de laisser les bien nés passer devant vous. À Lyon, dans les années quatre-vingt et quatre-vingt-dix, un fils de coiffeur, même meilleur ouvrier de France, arrivé le premier au concours doit apprendre à patienter avant d’être nommé. Les grandes dynasties médicales se serrent les coudes. La leçon sera pourtant cruelle. Le père de Lionel Collet décédera le jour même où un an plus tard, la nomination de son fils au titre de professeur sera annoncée. Loin d’être un point d’arrivée, c’est la suite logique d’un parcours d’excellence où chaque réussite, depuis l’obtention d’un bac C mention très bien, annonce la suivante, président d’université, président de la conférence des présidents avant de connaître les ors de la République en entrant dans les cabinets ministériels avant le début d’une nouvelle carrière au Conseil d’État. Après la médecine, Lionel Collet s’est pris de passion pour le droit. Il est devenu un expert des questions déontologiques en siégeant dans de nombreux comités, autre illustration de l’esprit encyclopédique du XVIIIe siècle. Cette ascension vers les cimes ne connaît pas le début d’un dévissage. Toujours plus haut ! avec cette présidence à la HAS. Mais à l’heure où Lionel Collet serait en mesure de goûter aux plaisirs d’une retraite bien méritée, comment assumer son autorité, conforter son indépendance alors que se multiplient les sécessions, les désertions chez les soignants et que s’intensifie si l’on ose dire le dialogue de sourds entre les médecins et le pouvoir politique ? L’expérience du psychiatre devenu ORL, spécialiste des troubles de l’audition, auteur d’un ouvrage sur les oto-émissions acoustiques en exploration fonctionnelle apparaît ici essentielle pour être écouté par tous. « Je n’ai pas de goût pour la politique », nous a toutefois affirmé Lionel Collet. Sur ce point toutefois, on n’est pas sûr de l’avoir bien entendu.
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Lionel Collet, l'entente cordiale
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Publié le 08/06/2023
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Lionel Collet
Crédit photo : Jacques Witt / Phanie
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Source : lequotidiendumedecin.fr
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