Dépistage du cancer de la prostate

L'IRM pour éviter les biopsies inutiles en cas de risque faible

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Publié le 27/03/2017
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L'IRM multiparamétrique (IRM-mp) est en train de chercher sa place dans la prise en charge du cancer de la prostate. Mais, malgré les récents bons résultats de l'étude PROMIS, son utilisation dans le diagnostic précoce du cancer de la prostate n'est pas envisageable en l'état, selon une étude publiée dans la revue de l'European Association of Urology.

Dans une revue de la littérature, l'équipe internationale dirigée par le Pr Olivier Rouvière des Hospices Civils de Lyon a analysé dans 48 études la valeur prédictive négative (VPN) de l'IRM-mp, - c'est-à-dire sa capacité à prédire avec fiabilité l'absence de cancer de la prostate -, chez des sujets ayant une suspicion de cancer.

Aujourd'hui, il est bien établi que l'IRM-mp sensibilise le diagnostic de cancer de la prostate avant rebiopsie (« biopsies ciblées ») en cas de premières biopsies négatives. Et les sociétés savantes recommandent la réalisation de l'examen avant re-biopsie. La plupart des sociétés savantes évoquent aussi un rôle de l'IRM-mp à l'entrée ou en cours de surveillance active. Mais l'IRM-mp reste controversée dans le dépistage, les sociétés savantes ne recommandant pas de se passer des biopsies systématiques.

De nouveaux outils pour stratifier le risque

« C'est contre-intuitif mais la VPN dépend de la prévalence de la maladie », rappelle le Pr Rouvière. Or, dans leur revue, les chercheurs montrent que la prévalence du cancer de la prostate est très variable (de 36 % à 57 %) parmi les études publiées, avec pour conséquence directe une VPN variable (de 70 % à 92 %). Plus la prévalence du cancer augmente, plus la VPN diminue. Ainsi quand la prévalence totale du cancer de la prostate augmente de 30 % à 60 %, la VPN diminue de 88 % à 67 %.

« Bien qu'il s'agisse d'un outil prometteur, concluent les auteurs. il n'est pas assez précis pour remplacer la biopsie de prostate chez ces patients, parce que l'exactitude est variable et influencée par le risque de cancer de la prostate. »

Une stratification du risque de cancer de la prostate pourrait permettre d'améliorer la VPN de l'IRM-mp. Certains prédicteurs du risque, - tels que le taux de PSA, la densité du PSA, le toucher rectal, etc - permettraient de stratifier le risque en faible, intermédiaire ou élevé. « Quand de tels outils seront disponibles, il pourra être possible d'utiliser l'IRM pour éviter des biopsies chez les patients à risque faible de cancer de la prostate », concluent-ils. 

 

 

 

Dr Irène Drogou

Source : Le Quotidien du médecin: 9567