Si « Le Généraliste » était paru en 1908

L'odeur particulière des Européens

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Publié le 28/03/2016
Histoire

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Il est bien probable que George Sand faisait allusion à cette odeur spéciale, sui generis, qu’exhalent les Anglais lorsqu’elle a écrit dans ses “Lettres d’un voyageur” : “ Les insulaires d’Albion apportent avec eux un fluide particulier que j’appellerai le fluide britannique et au milieu duquel ils voyagent ». Ce à quoi Willy rétorqua, bien des années plus tard : « J’habite Londres, depuis deux ans, presque autant que Paris. On y sent le brouillard, le tabac de Virginie, le charbon de terre, le whisky, certains fruits confits dont ils garnissent le cake, mais quant à prétendre que l’Anglais sent mauvais, zut ! Vous savez bien qu’il se lave à fond, lui ! »

Si nous en croyons le Dr Laloy, dans un article paru dans le “ Journal médical français ”, un médecin japonais, le Dr Buntaro Adachi, qui a longtemps résidé en Europe, a constaté chez les Européens et, surtout, les Européennes, une odeur “ piquante et rance ”, extrêmement désagréable pour les Japonais. Mais, après avoir séjourné quelque temps en Europe, ceux-ci finissent par s’y habituer. Ils ne sentent plus guère l’odeur des hommes ; et, quant à celle des femmes, elle leur devient “ plutôt agréable et provoque en eux des idées voluptueuses ”. Habemus confidentem reum.

L’odeur, poursuit le Dr Laloy, paraît en relation avec la vie sexuelle. Elle réside surtout dans le creux axillaire. Chez les Japonais, cette région n’a, en général, aucune odeur : leurs glandes sudoripares sont moins développées que celles des Européens et leur sueur est inodore.

Les Japonaises chez lesquelles, par exception, les aisselles sont malodorantes trouvent difficilement à se marier et, chez l’homme, cette infirmité peut être une cause d’exemption du service militaire. En Europe, au contraire, l’odeur joue un rôle capital dans l’excitation sexuelle. Coppée a fort bien indiqué l’influence et l’origine des parfums :
… Un arome exquis et capiteux,
Dont je suis, à la fois, trop fier et trop honteux
Pour en bien définir la volupté profonde
Quelque chose comme une odeur qui serait blonde

Outre l’influence indéniable de la race sur l’odeur du corps, Laloy estime qu’il y a lieu également de tenir compte de celle du costume. Les peuples de race blanche se couvrent d’une façon exagérée ; leurs vêtements superposés et trop ajustés favorisent la stagnation et la fermentation des sécrétions cutanées. Peut-être le régime alimentaire, plus carné que celui des Extrême-Orientaux a-t-il aussi une influence sur les odeurs des corps. Il faudrait pouvoir comparer entre eux des individus de races différentes, mais soumis au même régime, et portant un costume aussi léger que possible. »

(«La Chronique médicale »,1908)


Source : lequotidiendumedecin.fr