Une taxe sur les transports, les matches de foot ou les concerts pour financer l'humanitaire : c'est ce que propose l'ONU dans un rapport rendu public dimanche. Ce rapport -rédigé par neuf experts sous l'égide de la Commissaire européenne Kristalina Georgieva et du sultan malaisien Nazrin Shah- constate que les besoins humanitaires sont passés de 2 milliards de dollars en 2000 à 24,5 milliards quinze ans plus tard, sous l'effet de la multiplication des conflits et des catastrophes naturelles aggravées par le changement climatique. Or en 2015, l'ONU n'a recueilli que la moitié des fonds demandés. Les rations alimentaires de 1,6 million de Syriens ont donc dû être réduites, ce qui a contribué à un exode massif vers l'Europe. La situation est paradoxale, comme le souligne Kristalina Georgieva : "Jamais le monde n'a été aussi généreux, mais jamais non plus cette générosité n'a été aussi insuffisante".
Pour l'ONU, il faut donc élargir le cercle des donateurs et trouver de nouvelles sources de financement. D'où l'idée de créer une "taxe de solidarité" appliquée sur certains biens ou services. Comme Unitaid, -l'ONG de Philippe Douste-Blazy- qui a persuadé dix pays de prélever quelques dollars sur chaque billet d'avion pour lutter contre le paludisme ou le sida, "une taxe de solidarité sur les voyages aériens ou le carburant pourrait financer des services médicaux" dans les camps de réfugiés ou les zones urbaines abritant de personnes déplacées, suggère le rapport.
Pour Kristalina Georgieva, "il est possible de mettre en place une micro-contribution assise sur un énorme volume" de transactions. Elle a cité en vrac le carburant, les concerts, les films ou les compétitions sportives, précisant que des contacts avaient été pris avec la Fédération internationale de football (Fifa).
Une autre option est de diriger vers les opérations humanitaires une partie des centaines de milliards de dollars brassés chaque année par les institutions financières islamiques. "La finance sociale islamique est un territoire qui n'est pas assez exploré", relève le rapport.
Le rapport est présenté dimanche à Dubai et sera étudié au sommet humanitaire à Istanbul en mai. Kristalina Georgieva -qui, avant de devenir commissaire européenne chargée du budget, avait dirigé les opérations humanitaires de l'UE- espère que d'ici là ces recommandations "prendront corps".
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