Est-ce le vieillissement de la population qui provoque la hausse des maladies chroniques comme le soutient Danièle Desclerc-Dulac, présidente du collectif interassociatif sur la santé (CISS), ou la chronicisation de la maladie qui permet l’allongement de la vie, comme l’affirme l’économiste de la santé Claude Le Pen (Paris-Dauphine) ? Toujours est-il que le nombre de patients en ALD ne cesse de croître.
Selon une note du Trésor d’avril dernier, la part des dépenses liées aux ALD dépasse les 60 % des dépenses totales remboursées par l’assurance-maladie, contre 44 % en 2002. En 2025, 20 % de la population (13 millions de personnes) pourraient s’inscrire dans ce régime et concentrer 80 % des dépenses de la CNAM. Cette note du Trésor, démentie par les ministères de la Santé et des Finances, proposait de supprimer les ALD et d’instaurer un bouclier sanitaire pour tous, remboursant la dépense, non la pathologie, jusqu’à un plafond. Intéressant mais pas à l’ordre du jour, estime Claude Le Pen, qui rappelle l’émoi suscité par le retrait de l’hypertension artérielle sévère de la liste en 2011.
L’inflation des ALD appelle un changement de paradigme, analyse au contraire l’économiste Frédéric Bizard (Sciences-Po) : passer du risque court au risque long, du curatif et hospitalo-centré à une action globale en faveur du maintien en bonne santé. « Il ne faut pas seulement colmater le système mais le changer, en redonnant des objectifs de santé aux politiques sociales » plaide-t-il.
Pas de grand soir... pour l’instant
Des propos que ne dément pas Denis Jacquat, député Les Républicains de la Moselle, qui a vu le premier projet de loi de financement de la Sécurité sociale s’élever sur de mauvaises bases en 1996 : « Nous voulions des moyens pour la politique de santé. Il n’y a pas eu un mot dessus », se remémore-t-il.
En attendant le « grand soir », la CNAM veut trouver l’efficience dans la gestion du parcours de soins. La loi de santé de Marisol Touraine devrait faciliter dès mars 2016 l’entrée en ALD, grâce à un protocole de soins électronique et des contrôles a posteriori. L’assurance-maladie lancera l’an prochain dans trois territoires une expérimentation de prévention du diabète, qui vient compléter les programmes de dépistage de la rétinopathie par télémédecine ou de prévention des maladies rénales chroniques, indique Pierre Gabach, responsable du département des pathologies lourdes à la CNAM.
Pour que la « prévention » ne soit pas qu’une coquille vide, le pragmatisme est de mise. Les maisons de santé pluridisciplinaires, les parcours de soins, les nouveaux modes de rémunération et l’éducation thérapeutique permettent de nourrir de grands espoirs.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature