Manifestation des hospitaliers du 4 décembre

Marie-Pierre Martin (Collectif Inter-Urgences) : « Jamais autant de soignants ont quitté les urgences »

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Publié le 09/12/2021

Crédit photo : BURGER/PHANIE

Décision Santé : Connaissez-vous la participation de la manifestation pour l'hôpital du 4 décembre dernier ?

Marie-Pierre Martin. Il y a eu entre 3 500 à 4 000 manifestants à Paris. Nous ne disposons pas des chiffres en région. Avec le collectif, nous avons réalisé une carte de France cartographiant les services en difficultés, soit ceux en plan blanc, en fermeture ou en grève. Mardi soir, nous avions 112 hôpitaux en plan blanc, une dizaine de services d'urgences en grève et une trentaine de services d'urgences ou de Smur fermés partiellement ou totalement. Le CIU était cosignataire de l'appel national à la grève. Le Collectif avec l'intersyndicale ont été reçus par le ministère.

D. S. Avez-vous été entendus par le ministère de la Santé ?

Nous n'avons été accueillis que par le conseiller en charge de l'enseignement supérieur : cela montre à quel point le gouvernement est intéressé par ce sujet qui met en danger des gens tous les jours. Or la seule réponse qu'il nous a donnée est qu'il faut être patient et attendre les effets du Ségur. Conséquence, le ministre n'ayant pas les coudées franches pour agir, nous souhaiterions nous adresser directement au président de la République.

D. S. La situation à l'hôpital a-t-elle empiré ?

Nous sommes aujourd'hui un an et demi après le Ségur. Or jamais autant de soignants ont quitté les urgences. Nos patients sont en danger quotidiennement à cause des fermetures. En témoigne le 2 décembre dernier, il a fallu plusieurs heures à des collègues du Samu de Garches pour trouver une place pour une patiente. Cela est inquiétant pour les personnes qui feraient un arrêt cardiaque en Île-de-France. On nous répond que ces problèmes surviennent à cause de la Covid alors que ces patients ne représentent que 50 % des réanimations, bien loin des chiffres de mars 2020. En fait, les soignants sont maltraités au quotidien et ne parviennent plus à respecter leurs valeurs au quotidien. Les revalorisations du Ségur n'ont clairement pas suffi. Il y a aussi un manque de moyens. En témoigne l'exemple de nombreux soignants démissionnaires. Selon eux, si les moyens avaient suivi la hausse de la revalorisation, ils n'auraient pas rendu leur blouse.

D. S. Le mouvement va-t-il se poursuivre ?

Notre mouvement est sur une phase montante. Nous attendons une réunion de l'interprofessionnelle pour en savoir plus sur la prochaine date de mobilisation.

 


Source : lequotidiendumedecin.fr