Courrier des lecteurs

Médecine esthétique : un acte certes esthétique, mais avant tout médical

Publié le 01/05/2018
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La médecine esthétique est trop communément perçue comme rimant uniquement avec esthétique sans qu’il y ait une réelle reconnaissance que ceci est supporté par un acte médical (et pas uniquement dans le cas de l'utilisation du laser) avec les précautions qui s'y rattachent.

Or les patients s’attendent lors de la consultation préalable obligatoire à tout acte de médecine esthétique que, non seulement un examen clinique soit pratiqué orienté par la gêne voire la souffrance psychologique ressenti par le patient, mais que, naturellement, on leur parle des techniques adaptées à leur cas spécifique parmi la grande palette de techniques que la médecine esthétique d’aujourd’hui offre, à savoir différents types d’injection, utilisation de peelings, utilisation de matériels spécifiques type lasers, radiofréquences, ultrasons, cryolipolyse…..

Par contre, le patient peut s’avérer surpris que l’on soit amené à aborder de manière parfois précise trois autres types de sujets :

Les antécédents médicaux et chirurgicaux des patients

Qui parmi les patients, pourraient soupçonner qu’une maladie auto immune du type spondylarthrite ankylosante ou une thyroïdite puisse être une contre-indication à certains actes ? Qui spontanément peut penser que faire une séance de gommage chez l’esthéticienne va contre-indiquer pendant quelques semaines la réalisation d’actes de médecine esthétique ? Enfin, qui pense à préciser que dans ses antécédents existe un bouton de fièvre qui requiert un traitement préventif systématique si on veut éviter une poussé d’herpès ?

Les précautions à prendre avant et après l’acte.

Qui pourrait penser parmi les patients que prendre une supplémentation en Fer pourrait favoriser une hyperpigmentation post inflammatoire après une séance de laser ? Qui pourrait penser que l’utilisation de crèmes cosmétiques contenant de l’Acide Hyaluronique peut perturber la réalisation d’un peeling au TCA ? Qui pourrait penser qu’embrasser son entourage ou son animal de compagnie dans les jours suivants l’acte pourrait entraîner une infection parfois un peu compliquée à traiter ? Qui pourrait penser qu’aller chez le coiffeur ou porter un casque de moto juste après une injection de toxine botulique pourrait avoir des conséquences néfastes sur la migration de la toxine botulique vers des muscles que l’on ne souhaitait pas voir concernés par cette injection ? 

Enfin, les effets indésirables potentiels

Même s’ils sont en général parfaitement gérables, les effets indésirables potentiels peuvent s’avérer parfois plus compliqués et durables : qui pourrait imaginer que le risque d’infections à mycobactéries dans le cas d’injections de mésothérapie profondes et donc hypodermiques existe avec en conséquence des abcès qui peuvent être graves et difficiles à traiter ?

C’est pourquoi il est impératif, et pas seulement pour un aspect purement juridique, de ne jamais traiter le jour de la consultation préalable afin que le patient ait le temps d’assimiler toutes ces notions et ainsi devienne un partenaire dans sa prise en charge au plan esthétique.

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Dr François Prunièras, Médecine esthétique et lasers médicaux Chaville (92)

Source : Le Quotidien du médecin: 9660