L'innovation en santé sous toutes ses coutures

Médecins et industriels réclament de la souplesse

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Publié le 04/12/2017
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Comment faire de la France la championne de l'innovation en santé ? La question a été débattue lors de rencontres parlementaires sur le système de santé, à Paris. 

Le Dr Olivier Véran, député LREM de l'Isère, rapporteur général du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2018, est intarissable : la France s'apprête enfin à déverrouiller son système de santé grâce à deux réformes phares du budget de la Sécu : la première offrant un cadre d'expérimentation pour l'innovation grâce à un fonds dédié (article 35), la seconde portant sur la prise en charge de la télémédecine (article 36).   

Le fonds innovation doit permettre de sortir des carcans administratifs pour expérimenter des parcours ou des modes de financement des soins dérogatoires. « Il donnera enfin la main aux professionnels de santé de terrain », s'enthousiasme le député macroniste, qui insiste sur la nouvelle logique d'évaluation. Quant à l'article sur la télémédecine, il fait entrer cette pratique (téléconsultation, téléexpertise) dans la tarification de droit commun, une petite révolution.

Autres enjeux du quinquennat évoqués : l'innovation numérique en santé qui réclame « au moins un investissement de deux milliards d'euros » et l'innovation médicamenteuse qui commande « un nouveau modèle de financement », selon Olivier Véran.

Pour Sandra Bertezene, professeur titulaire de la chaire de gestion des services de santé (au CNAM), l'effort doit désormais porter sur la formation des professionnels de santé aux nouvelles technologies. « Le médecin pourra envisager son exercice de façon différente en intégrant les outils numériques ou les robots », explique-t-elle. Le Dr Philippe Vermesch, président du Syndicat des médecins libéraux (SML), abonde en ce sens. « La e-santé ne fait pas partie des orientations du DPC, il est temps que cela change. Les médecins doivent s'emparer des innovations sinon les techniciens de la santé s'en occuperont ».

Pour les industriels, l'innovation passe d'abord par la simplification réglementaire et la souplesse. Jean Monin, président d'Amgen France (leader de l'industrie des biotechnologies médicales), déplore à cet égard les règles trop strictes sur les ATU (autorisations temporaires d'utilisation) et la lenteur du système d'évaluation des molécules innovantes, avec une perte de chance pour certains patients.

Philippe Tcheng, vice-président des relations gouvernementales France de Sanofi, regrette de son côté que l'impact organisationnel de l'innovation ne soit toujours pas mesuré. « Lors du dernier Conseil stratégique des industries de santé, il a été décidé de mesurer cet impact mais rien n'a été fait. Il faut foncer pour construire des indicateurs ».

 

Loan Tranthimy

Source : Le Quotidien du médecin: 9624