Microbiote et petit d’homme

Publié le 11/01/2017
Maman bebe

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Les progrès réalisés dans les techniques de biologie moléculaire ont permis de mieux analyser le microbiote intestinal et de souligner son rôle majeur dans le maintien de la santé humaine et son implication dans le développement de diverses maladies.
Une revue de la littérature (1) fait le point sur ces acquis.

Mode de naissance, antibiotiques
Il est admis que le fœtus se développe dans un environnement stérile et que les premières colonisations intestinales bactériennes surviennent au moment de la naissance. Le type de bactéries diffère selon le mode d’accouchement : bactéries vaginales de la mère de type Lactobacillus et Prevotella lors d’un accouchement par voie basse, bactéries cutanées pour les naissances par césarienne. Après cette première inoculation, les nouveau-nés sont régulièrement exposés à des germes et leur microbiote se diversifie peu à peu. Ce processus de diversification est important car la diversité du microbiote est associée à une bonne santé. La composition du microbiote des tout-petits évolue en fonction de nombreux facteurs : maladies, modifications diététiques, prise d’antibiotiques, avec un impact marqué de l’introduction des aliments solides. Puis, le microbiote atteint sa maturité vers l’âge de 3 ans. 
Les recherches se sont bien sûr penchées sur les liens entre le microbiome (génome du microbiote) et les pathologies de l’enfant.

Poids
La mise en évidence d’une dysbiose chez les sujets obèses a conduit à émettre diverses hypothèses, notamment une contribution du microbiote à la prise de poids par le biais d’une moindre capacité à fermenter les hydrates de carbone non digestibles. La modification du microbiote pourrait être secondaire à la prise d’antibiotiques, comme le suggèrent différentes études épidémiologiques.  

Atopie
Autre domaine largement exploré : les liens entre microbiote et atopie, en particulier l’eczéma atopique dont la physiopathologie est multifactorielle et complexe. L’augmentation des maladies atopiques dans les pays industrialisés pourrait être liée à une moindre exposition globale aux germes. Selon cette « hypothèse hygiéniste », le système immunitaire serait de ce fait moins à même de tolérer certaines expositions antigéniques et s’activerait de façon inappropriée.

MICI
Une dysbiose a également été mise en évidence chez des enfants souffrant de maladie inflammatoire chronique intestinale (MICI), ce qui a conduit à tester des approches thérapeutiques à base de probiotiques ou de transplantation fécale.
Sur la base de toutes les données expérimentales et cliniques accumulées ces dernières années, il faut désormais passer à l’étape suivante : établir un lien de causalité, ce qui passe notamment par la réalisation d’études cliniques randomisées. 

Dr Isabelle Hoppenot

(1) Albenberg L et al. Advances in gut microbiome research and relevance to pediatric diseases. The Journal of Pediatrics. 2016;178:16-23.

Source : lequotidiendumedecin.fr